Enterrement de Mgr le duc d'Orléans auquel j'ai assisté. C'est une grande perte pour la France
Pendant la monarchie de Juillet, Ferdinand, fils aîné de Louis-Philippe, est un prince populaire. Ouvert aux idées libérales, attentif au sort des plus démunis, il apparaît pour beaucoup comme le seul en mesure de concilier monarchie et démocratie.
Le 13 juillet 1842, il se rend à Neuilly pour saluer sa famille avant de partir en opérations militaires. Les chevaux de sa calèche s'emballent. Le jeune prince, alors âgé de 31 ans, fait une chute mortelle en tentant de s'échapper du véhicule.
Cette image est réalisée lors des funérailles solennelles organisées à Notre-Dame de Paris le 30 juillet. Marc-Antoine Gaudin, placé à un étage d'une maison en face de Notre-Dame, a photographié la cathédrale et le parvis. La précision de l'image daguerrienne permet de saisir un maximum de détails. On voit la grande structure de bois et de drap noir qui masque pour l'occasion la façade de la cathédrale, ainsi que les deux mâts aux sommets desquels flottent des banderoles aux chiffres du prince. Au milieu des escadrons de lanciers, et des gardes nationaux, il semble même que le char apportant le cercueil du prince soit visible. Le léger flou de l'image indique un temps de pose assez court, de une à quelques secondes. Gaudin avait mis au point un perfectionnement du procédé, publié en 1842 avec l'opticien Lerebours, permettant un temps d'exposition de 1/10e de seconde.
L'Enterrement de M. le duc d'Orléans est à ce jour le premier daguerréotype connu à donner une vision quasi instantanée d'une foule. La représentation de cet événement historique contemporain des débuts de la photographie constitue un témoignage d'une rareté exceptionnelle.
