Harmonie

Eugène Grasset
Harmonie
1893
panneau décoratif : lave émaillée
H. 130,0 ; L. 245,0 cm.
Achat, 1996
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Michèle Bellot
Eugène Grasset (1845 - 1917)

Pour Eugène Grasset, la primauté devait être accordée à l'effet décoratif et la composition du sujet subordonnée à cet effet. C'est ce que démontre cette oeuvre rare qui témoigne de la fructueuse collaboration entre Grasset et le maître verrier Félix Gaudin.
La technique utilisée ici est celle de la lave émaillée. Connu dès les années 1820, ce procédé jouit à la fin du XIXe siècle d'un regain d'intérêt, notamment dans le domaine du décor architectural.
Le panneau Harmonie est unique en son genre. Le carton date de 1893 et figure à l'exposition Grasset organisée, en 1894, par la revue La Plume. Le panneau lui-même est présenté au Salon de la Société nationale des beaux-arts de 1895 et recueille l'approbation de la critique.
L'identification du sujet demeure problématique. Peut-être faut-il voir dans ce cortège de musiciennes charmant des animaux sauvages une allusion au mythe d'Orphée et aux vertus civilisatrices de la musique.
La composition en revanche est tout à fait représentative des choix de Grasset. Ce groupe de jeunes femmes évoluant dans un cadre végétal foisonnant est fort savamment agencé sous une double influence esthétique. Le japonisme tout d'abord, qui s'exprime par l'utilisation d'aplats et de cernes appuyés ainsi que par le refus de toute perspective. Le néobotticellisme ensuite, qui transparaît dans le type féminin et le rythme ondulant qui relie les figures entre elles. On retrouve d'ailleurs le même type féminin dans de nombreux projets d'affiches, d'estampes et d'illustrations de Grasset, également conservés au musée d'Orsay.

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