Le Christ aux limbes

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Paul Cézanne
Le Christ aux limbes
vers 1867-1869
fresque transposée sur toile, copie d'après Sebastiano del Piombo
H. 168,5 ; L. 100,5 cm.
Dation, 2005
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
Paul Cézanne
Le Christ aux limbes
vers 1867-1869
fresque transposée sur toile, copie d'après Sebastiano del Piombo
H. 168,5 ; L. 100,5 cm.
Dation, 2005
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Adrien Didierjean
Paul Cézanne (1839 - 1906)
Oeuvre non exposée en salle actuellement

Dans la maison familiale du Jas de Bouffan, aux environs d'Aix-en-Provence, Cézanne s'est essayé au décor mural, durant les années 1860. Un an après la mort de l'artiste, le nouveau propriétaire fait transposer sur toile quelques-unes décorations, se proposant de les offrir à l'Etat. Malheureusement, le musée du Luxembourg refuse cette donation. Les différents éléments peints par Cézanne sont donc progressivement dispersés.
Comme le prouvent des documents d'époque, le fragment que constitue ce Christ aux limbes s'intégrait dans une composition plus vaste. Une autre oeuvre conservée au musée d'Orsay, La Madeleine, en faisait également partie, bien qu'aucune raison plastique n'ait prévalu à ce rapprochement et que la différence d'échelle entre les deux figures puisse surprendre. Réunis au musée d'Orsay, les deux fragments permettent de mieux lire les thèmes développés par l'artiste. Ceux-ci font échos à ses croyances, mélange de culture religieuse traditionnelle et de traditions provençales. En effet, la place importante réservée à Marie-Madeleine rappelle que, selon une légende médiévale, elle serait venue finir ses jours au pied du massif de la Sainte-Baume, proche de la montagne Sainte-Victoire. Elle est juxtaposée à la scène évoquant, entre mort et résurrection, la descente du Christ aux limbes, séjour des âmes des Justes de l'Ancien Testament avant la Rédemption. De fait, les personnages de l'angle inférieur gauche évoquent-ils probablement Adam et Eve.
Remarquable témoin de la manière précoce de l'artiste, cette oeuvre interprète une gravure tirée d'une oeuvre de Sebastiano del Piombo (Madrid, musée du Prado). Le ténébrisme de Sebastiano del Piombo, est poussé à ses extrêmes par Cézanne. Les couleurs, volontairement restreintes, sont dominées par le rouge, le bleu et un blanc appliqué en touches larges. Elles apparaissent en vigoureux empâtements qui interceptent la lumière, font vibrer la couche picturale et se détachent avec violence sur un fond noir. Cette scène peinte révèle la volonté de Cézanne d'élaborer un style dramatique personnel, toujours empreint de l'exemple de ses aînés.