Exposition au musée

Jules Bastien-Lepage (1848-1884)

Du 06 mars au 13 mai 2007
Jules Bastien-Lepage
Les foins (détail), en 1877
Musée d'Orsay
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
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Jules Bastien-Lepage-Autoportrait
Jules Bastien-Lepage
Autoportrait, vers 1880
Paris, musée d'Orsay
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / DR

Au lendemain du décès de Jules Bastien-Lepage dans son atelier parisien de la rue Legendre, le 10 décembre 1884, les journaux du monde entier signalent la mort prématurée du peintre et son inhumation dans le cimetière familial de Damvillers, dans la Meuse. En quelque dix années d'activité, ce fils de modestes agriculteurs a conquis une place éminente sur la scène artistique française et internationale, même si elle fut contestée parfois.

Celui qu'Emile Zola considérait en 1879 comme le "petit-fils de Courbet et de Millet" et comme l'un des ténors du naturalisme, reçu une formation académique dans l'atelier d'Alexandre Cabanel. Après deux échecs, en 1875 et 1876, au concours pour le prix de Rome, Bastien-Lepage a su construire un oeuvre original. Il a su regarder du côté des réalistes, ses aînés, mais aussi du côté de ses contemporains, défenseurs de la nouvelle peinture, à laquelle il emprunte les tons clairs et la touche vibrante.

Jules Bastien-Lepage-Saison d'octobre, récolte des pommes de terre
Jules Bastien-Lepage
Saison d'octobre, récolte des pommes de terre, 1879
Melbourne, National Gallery of Victoria
Legs Felton
© National Gallery of Victoria, Bridgeman-Giraudon

Bastien-Lepage consacre principalement sa courte existence à deux types de sujets : les portraits d'abord, qui lui valurent une clientèle fidèle parmi les artistes -de Sarah Bernhardt à Coquelin aîné- et au sein de la bourgeoisie républicaine -de Simon Hayem à Léon Gambetta-, et les sujets paysans ensuite, qu'il brosse souvent sur les lieux de son enfance, séduisant le public du Salon avec Les Foins (1877, musée d'Orsay), Saison d'octobre (1878, Melbourne, National Gallery of Victoria), jusqu'au Père Jacques (1881, Milwaukee Art Center) et à L'Amour au village (1882, Moscou, musée Pouchkine).

Jules Bastien-Lepage-Le petit cireur de bottes
Jules Bastien-Lepage
Le petit cireur de bottes
Paris, musée des Arts décoratifs
© Musée des Arts décoratifs, Paris

Le succès venu, l'artiste voyage, notamment en Angleterre, en Suisse et en Italie, d'où il rapporte des paysages mais aussi des peintures à mi-chemin entre portraits et scènes de genre, dans lesquelles il croque la vie rurale et citadine des enfants et des adolescents, héros de son Petit colporteur endormi (1882, Tournai, musée des Beaux-Arts) ou de son Petit cireur de bottes à Londres (1882, Paris, musée des Arts décoratifs).

Exposé à plusieurs reprises dans la Meuse, Jules Bastien-Lepage n'a eu droit à aucune manifestation monographique parisienne depuis l'exposition de l'hôtel de Chimay en 1885. Afin de réparer cet oubli et de participer aux études visant à une meilleure connaissance de toutes les expressions artistiques de la seconde moitié du XIXe siècle, le musée d'Orsay, en collaboration avec la région natale de Jules Bastien-Lepage, s'est attaché à réunir la plupart des tableaux les plus importants de l'artiste, succès de Salons ou oeuvres plus intimes, provenant des collections publiques et privées d'Europe, d'Amérique et d'Australie.

Nombre de découvertes concernant la biographie de l'artiste, l'historique et l'intention exprimée par ses oeuvres, permettent désormais d'abandonner la vision romantique offerte au public par sa famille et par ses amis après sa disparition précoce, pour dresser le constat de son incessante lutte sociale et de son combat esthétique engagé.