« Le tableau de Gérôme dégage une impression de cinéma d’anticipation, et m’évoque l'atmosphère de la photographie de mode, en particulier dans la représentation des jeunes gens presque nus. Ce qui m'a captivé, c'est le contraste frappant entre l'image figée des coqs - leurs becs, leurs griffes, leurs yeux perçants et leurs plumes - et la peau radieuse des beaux protagonistes. Ils les regardent d'un air amusé, quelques instants avant l'inévitable éruption de violence et l'effusion de sang. »
« J'aime la quiétude qui émane de ce paysage sous la neige de Courbet. Il capture la sensation tangible du froid et les sons distincts qui y sont associés. Malgré leur statut de chasseurs, leur langage corporel rappelle celui des skieurs, donnant une touche contemporaine à la scène. Les vêtements d’époque que choisit de peindre Courbet ajoutent à l'authenticité de la scène. J'aime la façon dont cette scène ordinaire s’anime, sans être trop bruyante.
Le tableau de Gauguin, réalisé 34 ans après celui de Courbet, exprime une forme personnelle de poésie. Il est possible que Gauguin se soit laissé envoûter par le paysage tropical et qu'il ait peint sa scène comme s'il était perdu dans une rêverie. Je suis fasciné par la possibilité d’exposer ces deux œuvres côte à côte dans l’idée d’explorer plutôt leurs affinités que leurs distinctions. »
« Rousseau était un artiste en avance sur son temps, utilisant des techniques d'une remarquable modernité. Son processus créatif repose sur le collage et l'assemblage d'albums contenant diverses illustrations, gravures et photographies, qui alimentent son imagination.
Dans son tableau "La Guerre", il présente une scène austère décrivant le chaos, la mort et la dévastation. Un enfant guerrier aux traits expressionnistes est perché au sommet d'une créature difforme, semblable à un cheval d'un autre monde, créant ainsi une image troublante. Cette œuvre a marqué ma propre peinture, "Two Trees", m'incitant à réfléchir à la manière dont les paysages témoignent de la capacité des Hommes à se montrer cruels les uns envers les autres.
La puissante déclaration anti-guerre de Rousseau, présentée presque comme une affiche, reste pertinente et obsédante aujourd'hui, nous faisant réfléchir à l'impact durable des conflits.»
« Les correspondances entre ces peintures m’intéressent tout autant que leurs différences. Elles rendent toutes compte d’une utilisation très singulière de la peinture - abondante et fluide, douce et vaporeuse, étudiée et directe, voilée et mystérieuse, plâtrée et rayée.
Chaque peinture nous plonge dans sa propre matérialité, et dans les mystères du sujet peint.
Finalement nous n’apprenons pas grand-chose à propos d’eux, et c’est peut-être là que réside l’intérêt de ces portraits : ils sont tout simplement fascinants, et les différences dans leurs processus de création ne compromettent en rien le dialogue qui s’engage entre eux.
Chaque portrait présente des jeux de dissimulation, à l'exception de celui de Pissarro, dont le regard perspicace assure la cohésion de l'ensemble. »
« Avec ces deux œuvres, j'ai voulu créer un dialogue, non seulement entre les sujets - les acteurs bavards et la belle jeune femme sur son lit de mort - mais aussi entre la façon concrète dont les artistes ont utilisé la peinture pour décrire deux sentiments différents : la vie animée, pleine d’échanges vifs et de nuances suggestives, et la vision poignante d'un peintre cherchant désespérément à capturer les derniers souvenirs de sa femme. Les deux tableaux rendent manifeste une maîtrise virtuose sans amoindrir la profonde intimité inhérente aux deux compositions. »
« Je suis fasciné par cette période dans l’œuvre de Cézanne parce qu'il jette un regard en arrière tout en progressant à une vitesse vertigineuse. Au passé, il emprunte des sujets et s’inspire d’artistes qu'il admire ; vers l’avenir, il se tourne à mesure que sa technique se perfectionne, à un rythme si rapide qu’il semble en perdre la mesure - et le résultat en est formidable. Dans ce tableau fascinant, il saisit ce qui est nécessaire et esquisse ce qui doit être implicite. Le tableau est si vivant qu'il envahit presque la pièce qu'il occupe. »
« J'ai voulu présenter ces sculptures de Degas de la même manière qu'elles me sont apparues lorsque je les ai vues pour la première fois dans les réserves du musée. Elles sont comme des esquisses sur une page, un ensemble d'idées qui ont pris forme grâce aux yeux, à l'esprit et aux mains de l'artiste. Ces silhouettes, façonnées à l'origine dans la cire, n'ont jamais été destinées à être exposées, ni achevées comme des œuvres. Elles ont été créées pour servir de support aux peintures de l'artiste. Transformées en bronze après la mort de l’artiste, elles gardent une telle spontanéité et une telle énergie vitale qu’elles pourraient se trouver encore dans l'atelier de Degas. »