Villa de M. B... au parc Saint-Maur, plans, élévations, coupe transversale
Vers le milieu du XIXe siècle, la ville de Saint-Maur-des-Fossés, située à une quinzaine de kilomètres au sud-est de Paris, connaît un accroissement démographique rapide. Le phénomène s'intensifie encore à partir de 1859, avec l'arrivée du chemin de fer. Le baron Haussmann souhaite en effet favoriser le déplacement de la population ouvrière vers la périphérie de Paris. Mais à Saint-Maur, le prix peu élevé au mètre carré attire également hommes d'affaires, commerçants et industriels. Le morcellement progressif de l'ancien parc du château permet à ces classes plus aisées de trouver des terrains où faire construire une villa dans un quartier résidentiel.
L'importance des demandes favorise une éclosion des métiers du bâtiment. Beaucoup d'architectes s'installent sur place. Joseph Graf, diplômé de l'Ecole des Arts Décoratifs, s'associe avec Frédéric Marin pour fonder un cabinet d'architecture. Le livre de Marius Tranchant, L'Habitation du Parisien en banlieue, parue en 1908, signale Graf comme l'un des "meilleurs architectes de la banlieue", pour ses "mérites de technicien et d'artiste".
Ce dessin de qualité, richement encadré dans une veine Art nouveau-1900, reflète un type de construction suburbaine de style néo-normand. Il se caractérise par la briques, les pans de bois, les tourelles et le décor de céramique émaillée. La présence d'une grande verrière laisse penser à un atelier d'artiste. On en trouve un très grand nombre de variantes, déclinées le long des côtes françaises et typiques de l'architecture balnéaire de la fin du XIXe siècle. On peut d'ailleurs encore voir aujourd'hui à Mers-les-Bains (Somme) deux villas jumelles d'un style similaire, La Lune et Le Soleil, réalisées par Graf. La construction de Saint-Maur, quant à elle, n'a pas survécu aux réaménagements de la ville.