Vase à décor de paysage lacustre

Eugène Feuillâtre
Vase à décor de paysage lacustre
vers 1901
émail opaque et translucide sur argent
H. 25,0 ; DM. 15,0 cm.
Don de la société des Amis du musée d'Orsay, 1995
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / René-Gabriel Ojéda
Eugène Feuillâtre (1870 - 1916)
Niveau médian, Salle 64

Le perfectionnement et l'épanouissement des techniques de l'émail artistique ont constamment préoccupé les orfèvres et les bijoutiers de la deuxième moitié du XIXe siècle.
Eugène Feuillâtre, qui a dirigé l'atelier d'émaillerie de Lalique avant d'ouvrir son propre atelier en 1897, se fait une spécialité de l'émail sur argent. La dilatation du métal et ses réactions avec les colorants rendent cette technique difficile. Mais elle permet à Feuillâtre d'obtenir les tons fondus, laiteux et nacrés bien reconnaissables de ses oeuvres.
Emaux cloisonnés et émaux peints ornent le Vase à décor de paysage lacustre, exécuté vers 1901. Sa forme très simple, évasée à la base et qui rétrécie doucement en allant vers l'embouchure, est propice au miroitement des émaux sur la panse. L'eau turquoise s'illumine sous la lumière argentée de la lune. Le ciel de nuit claire à l'horizon jaune pâle est bordé d'arbres bleu sombre. Ce décor suggère "la poésie crépusculaire d'un lac troublé à peine par la présence des cygnes blancs" selon la description d'un petit vase de même motif exposé en 1901.
Il est vrai que les paysages aquatiques ne peuvent que tenter un émailleur. Les reflets et les transparences sont pour lui un défi autant qu'une inspiration. Le thème de l'eau se retrouve d'ailleurs dans d'autres oeuvres de Feuillâtre. Parmi celles-ci, un vase Ophélie présenté à l'Exposition universelle de 1900 repose déjà sur des pieds en forme de nénuphars.
L'emploi par Feuillâtre de l'argent pour les teintes froides de l'eau illustre sa capacité à choisir un matériau selon l'effet recherché. Il fait partie de ces hommes dont le talent a permis une véritable apothéose de l'émail artistique vers 1900.