Journées d'études et colloques

Romantisme, Romantismes

Le 15 mars 2014

le 15 mars 2014

Gustave Doré-Alors arrivèrent ensemble brouillard et neige, dessin préparatoire pour l'illustration de The Rime of the Ancient Mariner de Samuel Taylor Coleridge
Gustave Doré
"Alors arrivèrent ensemble brouillard et neige", dessin préparatoire pour l'illustration de The Rime of the Ancient Mariner de Samuel Taylor Coleridge, 1875
Strasbourg, Musée d'Art moderne et contemporain
© Musées de Strasbourg / DR

Objet multiforme, le romantisme a bouleversé notre manière de penser, d'aimer, de percevoir la Nature et l'Histoire, en un mot, notre sensibilité. Parti d'Allemagne, il a brillé dans la France postrévolutionnaire, avant d'essaimer dans l'Europe entière. En suivant l'oeuvre de Gustave Doré (1832-1883), à l'honneur sur les cimaises du musée d'Orsay (18 février-11 mai 2014), les contributeurs à cette journée s'aventureront au-delà des limites chronologiques habituelles du mouvement et s'interrogeront sur son éventuelle appartenance au "second Romantisme". Seront évoqués les rapports du texte à l'image, le culte des images, la fécondation des arts visuels par la littérature et le regard rénové porté sur les textes classiques, le développement de la technique de la gravure sur bois comme moyen de diffusion élargie de l'illustration, le statut de la gravure en tant que médium revalorisé par les Romantiques, ainsi que les partis-pris de l'exposition en cours.


Introduction

sam. 15 mars 2014 - 10h00
Musée d'Orsay
Auditorium niveau -2

Scarlett Reliquet, responsable des cours, colloques et conférences, musée d'Orsay
Henri de Rohan-Csermak, Inspecteur général de l'Education nationale, chargé de l'Histoire des arts.



L'explosion des images et leurs procédés techniques

sam. 15 mars 2014 - 10h30
Musée d'Orsay
Auditorium niveau -2

Henri Zerner, professeur d'Histoire de l'art, Harvard University
La modernité des XIXe et XXe siècles semble indissociable de l'explosion des images. Celle-ci dépend largement de trois innovations techniques : la lithographie inventée par Senefelder, l'émergence de la gravure sur bois ou "bois de bout" (par opposition au "bois de fil" traditionnel) à la fin du XVIIIe siècle, et l'invention de la photographie en 1839 dont les effets massifs sur l'image imprimée ne se sont guère fait sentir avant le dernier quart du XIXe siècle. Il s'agira ici de la gravure sur bois dont dépend l'essentiel du livre illustré romantique et l'apparition des revues illustrées comme le Magasin pittoresque (1833-1938), The Illustrated London News (1842-2003), et L'Illustration (1842-1944). On suivra le développement technique et les effets esthétiques de ce procédé depuis sa mise au point par Thomas Bewick jusqu'à l'époque de Gustave Doré et de la collaboration de Jules Verne avec Hetzel.



Comment illustrer un classique littéraire? L'exemple des Fables de La Fontaine

sam. 15 mars 2014 - 11h00
Musée d'Orsay
Auditorium niveau -2

Philippe Kaenel, professeur d'Histoire de l'art, université de Lausanne, commissaire de l'exposition Gustave Doré. L'imaginaire au pouvoir (musée d'Orsay, 18 février- 11 mai 2014)
Dans l'oeuvre de Jean de La Fontaine, le rôle prédominant joué par les animaux a de tous temps séduit les éditeurs et surtout les peintres, dessinateurs et illustrateurs intéressés par des poèmes articulant actions animalières et morale sociale et favorisant "l'invention". En 1765, dans la souscription à l'édition monumentale de Fables choisies illustrées par Jean-Baptiste Oudry en collaboration avec Charles-Nicolas Cochin, les éditeurs soulignent ce potentiel :
"Rien en pouvoit être en effet plus propre à féconder le génie de M. OUDRY, & à exercer ses talents particuliers, que les Fables de La Fontaine. La fiction, la variété des sujets, les divers Théâtres où les place le Poëte, ouvroient un vaste champ à l'imagination de ce peintre infatigable [...]. Aussi a-t-il saisi par-tout l'esprit & le génie de LA FONTAINE. Comme lui, il a fait parler les Animaux dans ses Desseins ; & dans leur attitude, leur caractère, leurs expression, l'on voit les mêmes passions que les autres Peintres font passer dans des têtes humaines".
Tels sont les enjeux de l'illustration par Doré des Fables en 1868.



La lithographie de peintre au XIXe siècle et les voyages pittoresques : un regard romantique

sam. 15 mars 2014 - 11h30
Musée d'Orsay
Auditorium niveau -2

Ségolène Le Men, professeur d'Histoire de l'art contemporain, université Paris-Ouest Nanterre - Institut universitaire de France
Dans l'histoire de l'édition et du livre illustré, dans celle de la lithographie et de l'art, mais aussi dans l'histoire du tourisme et de la littérature de voyage, les Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France du Baron Taylor et Charles Nodier ont joué un rôle central. Les deux volumes "Ancienne Normandie" introduisent une entreprise monumentale, lancée en 1820 et achevée en 1878, par un retour sur la même province dans le volume final qui montre à la fois la persistance du modèle romantique mis en place un demi-siècle auparavant et sa dégradation en une manière un peu dépassée, à l'époque de la photographie et de l'impressionnisme. Cette présentation s'intéressera à la genèse, à l'édition et à l'esthétique diffusée par les vues de sites et de monuments médiévaux de ces "voyages d'impressions", dans la perspective d'une histoire du regard.



Le romantisme et le culte des images

sam. 15 mars 2014 - 12h00
Musée d'Orsay
Auditorium niveau -2

Alain Vaillant, professeur de Littérature française, université Paris-Ouest Nanterre La Défense
Le "culte des images" : "ma grande, mon unique, ma primitive passion", note Baudelaire dans Mon Coeur mis à nu. Il ne s'agit pas là d'une lubie personnelle, un effet de son désir obsessionnel de "nouveau" ou de "bizarre". Au contraire, tout le romantisme pourrait se résumer à ce culte des images. Car le romantisme – qu'il soit philosophique, artistique, littéraire – a toujours poursuivi le même rêve de synthèse harmonieuse entre l'intelligible et le sensible, le spirituel et le matériel. Or l'image – visible et pourtant réduite à deux dimensions, comme le texte – implique la double participation de l'esprit (qui "imagine") et de l'expérience sensorielle (d'où provient la perception des contours et des couleurs). Par sa nature même, elle réalise l'idéal romantique : qu'elle soit l'image verbale des poètes et des romanciers ou l'image concrète des peintres et des illustrateurs – ou, mieux encore, le dialogue et le jeu artistique entre l'une et l'autre.
Des paysages inspirés de Chateaubriand, où la représentation matérielle invite encore à tourner le regard vers les réalités invisibles d'une spiritualité désincarnée, jusqu'à la fascination d'un Hugo pour le dessin, d'un Gautier pour la peinture, d'un Balzac pour la caricature, il s'agira à la fois d'esquisser les formes pérennes de cet amour romantique de l'image et de repérer son cheminement vers la passion exclusive et matérialiste de l'illusion artistique qui mène en droite ligne à la modernité de Baudelaire et de Flaubert.



Discussion

sam. 15 mars 2014 - 12h30
Musée d'Orsay
Auditorium niveau -2

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