Quelle a été l'inspiration principale derrière le choix du thème de la mer pour ce parcours performatif au musée d'Orsay ?
En 2023, c’est à l’occasion d'une soirée dédiée à la représentation de la forêt par les artistes de l’école de Barbizon au XIXe siècle (Corot, Rousseau, Millet, etc.), que nous avons invité Camille Étienne à donner voix et vie au texte de George Sand, autrice engagée pour la défense de la forêt de Fontainebleau et instigatrice de la formation du Comité de protection artistique de la forêt de Fontainebleau.
À la suite de cet événement, l’idée a germé de créer un parcours autour de la mer, en lien avec les œuvres impressionnistes et postimpressionnistes. L’organisation de grands événements culturels autour de ce thème était déjà en cours de gestation dans plusieurs institutions culturelles, et ceci après que l’Année de la mer 2025 a été décrétée par le Président de la République.
Nous avons donc proposé à Camille Étienne une carte blanche pour concevoir une programmation artistique sous forme de parcours dans les galeries du 5e étage.
Comment avez-vous sélectionné les œuvres du musée qui seront mises en valeur pendant le parcours performatif, et comment les artistes invités vont-ils « jouer » avec ces œuvres ?
On a privilégié la galerie des impressionnistes et les salles postimpressionnistes où se trouvent les plus nombreuses représentations de la mer. Cependant, les artistes ne se produiront pas nécessairement devant des tableaux représentant la mer, en raison de l’espace disponible dans chaque salle et de l’enchaînement des performances. Dans tous les cas, la mer est le fil conducteur de la soirée. Chaque artiste s’est emparé du thème et l’a traité à partir de son propre univers. L’idée est que le public se laisse porter et puisse déambuler librement au cours de la soirée en faisant le lien à partir de sa propre sensibilité entre les propositions artistiques et les tableaux exposés dans le parcours.
© Julien Benhamou
Quel est le rôle de Camille Étienne dans cet évènement ? Comment son engagement écologique se reflète-t-il dans la performance ?
Camille estime que ses actions d'activiste pour le climat ne se limitent pas à la mobilisation dans la rue ou à l'action dans le champ politique. Elle est particulièrement consciente du rôle crucial que joue l'art dans cet engagement. Ainsi, elle utilise le temps lent et la capacité de créer des liens qu'ont les arts vivants, au-delà des évidences, pour interroger notre société et sensibiliser aux enjeux environnementaux. C’est cette vision holistique qui nous a incités à lui confier la direction artistique de la soirée. D'un point de vue programmatique, l'une de mes missions est de permettre aux artistes et personnalités émergentes de notre société de s’emparer de nos collections pour proposer des événements inédits qui portent les valeurs progressistes et universalistes de notre institution.
Camille est une personnalité engagée, mais aussi très engageante. Sa voix reflète les inquiétudes et les moyens concrets et méthodiques d'agir pour les jeunes adultes qui devront faire face aux défis environnementaux cruciaux pour l'humanité.
Quels défis avez-vous rencontrés en organisant ce parcours performatif au milieu des œuvres d'un musée, et comment les avez-vous surmontés ?
Les défis sont multiples : opérationnels, logistiques et programmatiques. Par exemple, le calendrier de prêts institutionnels des œuvres est prioritaire sur nos événements. Il s’agit donc de nouer un dialogue avec nos collègues de la conservation pour que certaines œuvres dédiées à la mer puissent être visibles dans le parcours. Nous avons beaucoup de chance de retrouver des chefs-d’œuvre comme La Mer orageuse de Courbet, Falaise de Fécamp de Monet, Le Golfe de Marseille de Cézanne ou Le Naufrage de Cross accrochés dans le parcours actuellement.
Comment les différentes disciplines artistiques - danse, chant, écriture - se complètent-elles dans ce parcours performatif pour offrir une expérience immersive au public ?
Chaque performance raconte une histoire ! Que ce soit la description du sentiment de l’eau de mer glacée sur sa peau, le mouvement éphémère et rapide des oiseaux de mer qui plongent pour se nourrir et ressortent en prenant leur envol dans un ballet incessant, ou des récits poignants de la mer comme voie de liberté pour certains ou prison pour d'autres. Chaque performance nous amène à la réflexion par le récit d’une histoire, qu'elle soit dansée, chantée ou théâtralisée. Telle est la spécificité de l’approche performative que nous proposons avec Camille à l'occasion de cet événement. L’engagement est présent, de même que le message en faveur de la préservation des océans. Mais nous voulons surtout toucher le public par le sensible et sensoriel dans un cadre magnifique et dans des conditions privilégiées de visite des galeries Impressionnistes et postimpressionistes.