Une partie d'échecs (au milieu, Henri Le Secq ?)
La scène ici reproduite n'est en rien fortuite. Soigneusement composée devant l'objectif, elle évoque les scènes de genre en peinture ou encore ces jeux dont les membres de la bourgeoisie étaient friands au XIXe siècle, tableaux vivants et autres saynètes où chacun exerçait ses talents d'expression et de transformation.
L'échange des regards entre les trois hommes est étudié avec finesse. Il introduit une vivacité et une justesse rarement atteintes dans les images daguerriennes, au long temps de pose. La sobriété du fond, qui n'a rien en commun avec le bric-à-brac souvent convenu des ateliers de daguerréotypistes, met en valeur la scène et souligne son caractère pictural.
Le sujet, la composition et les dimensions de ce daguerréotype anonyme suggèrent un auteur talentueux, inventif et maître de la technique. Plusieurs noms prestigieux ont été proposés, sans aucune certitude, comme celui d'Olympe Aguado, photographe amateur de grande qualité, élève de Gustave Le Gray. On a même imaginé que le personnage barbu assis au milieu pouvait être le photographe Henri Le Secq, ce qui semble aujourd'hui fort peu probable.
Les recherches à mener permettront sans doute de retrouver un jour l'auteur de cette plaque originale, si ce n'est l'identité de ses modèles.