Le Printemps

Jean-François Millet
Le Printemps
entre 1868 et 1873
huile sur toile
H. 86,0 ; L. 111,0 cm.
Don Mme Frédéric Hartmann, 1887
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
Jean-François Millet (1814 - 1875)

Cette peinture fait partie d'un cycle des saisons qui occupa Millet pendant les dernières années de sa vie. Il lui fut commandé par Frédéric Hartmann, un des mécènes de Théodore Rousseau, en mars 1868. Millet y travailla épisodiquement jusqu'à sa mort, acheva Le Printemps en mai 1873, L'Eté et L'Automne en 1874, mais laissa l'Hiver inachevé. Le Printemps est d'abord une peinture de paysage, genre auquel Millet se consacre davantage depuis 1865. Il ne laisse que peu de place à l'homme - petite figure de paysan sous l'arbre au centre -, mais est l'expression d'une rencontre, d'un dialogue teinté de lyrisme et de poésie entre l'homme et la nature. Celle-ci y est précisément observée, notamment avec ces petites fleurs qui émaillent le bord du chemin. Il s'agit d'une nature aimée et habitée. On y a planté un verger, installé une route, bâti une barrière (protection contre la nature sauvage que l'on aperçoit au fond). Ici, tout est symbole : la course des nuées d'orage, la terre lilas brun, les branches dépouillées et coupées aux arbres suggèrent la fuite de l'hiver tandis que les arbres en fleur, la verdeur claire de la forêt sont signes du renouveau printanier.
Le thème est classique - il fut notamment traité par Poussin - mais Millet l'aborde avec une volonté expressive dans la représentation de la nature. Par la simplicité du sujet, par le sentiment qu'il exprime des variations de la lumière, Millet se rattache à la tradition du paysage de son ami Rousseau, et au delà à celle de Constable ou Ruysdaël, mais par ses couleurs étonnamment fraîches, par sa façon de capter l'instant, il se rapproche des Monet, Bazille ou Renoir qui fréquentaient la forêt de Fontainebleau à cette date, avant que le nom d'impressionnistes leur soit attribué.

Oeuvre non exposée en salle actuellement