The Pool

Edward Steichen
The Pool
1903
héliogravure
H. 20,3 ; L. 15,3 cm.
Don Minda de Gunzburg par l'intermédiaire de la société des Amis du musée d'Orsay, 1981
© The estate of Edward Steichen / Adagp, Paris, 2023 © RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / René-Gabriel Ojéda
Edward Steichen (1879 - 1973)
Oeuvre non exposée en salle actuellement

En 1898, Steichen réalise une série de vues de forêts prises à l'aube ou, par temps très lumineux, au crépuscule : "Quel beau moment de la journée que celui du crépuscule, lorsque les objets disparaissent et semblent se confondre, et qu'un beau et grand sentiment de paix enveloppe l'ensemble", écrit-il en 1901.
Ces paysages, dont le ciel est quasiment absent et qui forment une sorte de tapisserie abstraite, rythmée par les fûts grêles des arbres, sont naturellement mis en rapport par tous les critiques contemporains avec l'art de Whistler. De ce dernier, ils ont le mystère et l'harmonie des tonalités, mais ils évoquent tout aussi bien les décors de Puvis de Chavannes, les "bois sacrés" nabis, ou encore, avec quelques années d'avance, les compositions de forêt que Klimt peint aux alentours de 1901.
The Pool attire dès 1901 l'attention d'un des meilleurs critiques américains intéressés par la photographie, Charles Caffin. Ce dernier relève avec une grande clairvoyance la dette de l'artiste envers l'esthétique japonaise alors à la mode en Europe et aux Etats-Unis. Elle se traduit ici par le goût pour la simplicité, l'abstraction décorative, l'asymétrie et par l'amour du vide : "Il est important de se rappeler que les Japonais, dont l'art est, à notre connaissance, le plus abstrait, car formé par des siècles de tradition et parvenu à son maximum de puissance suggestive, disposent entre autres ressources d'une perspective en aplat. [The Pool] est sans doute un exemple caractéristique de cette combinaison du traitement en à-plat et de la délicatesse des tons...".