Dues aux architectes dits « idéistes », notamment François Garas (1866 - 1925) et Henry Provensal (1868 - 1934), ces œuvres d'inspiration oniriques constituent des exemples rares, en architecture, des quêtes symbolistes. Le projet de Ferdinand Chanut s’en distingue cependant par sa dimension futuriste très marquée, étonnamment précoce en ce début du XXe siècle. Elle s’exprime dans le caractère géométrique, voire brutaliste des formes, accentué par la vue en contre-plongée, l’aspect lisse des surfaces et la conception du socle, qui se singularise par un jeu savant de courbes paraboliques et hyperboliques. L’atmosphère lunaire qui se dégage de cette scène nocturne, quasi monochrome, donne une dimension fantastique à ce bâtiment entre terre et ciel. Elle témoigne de la fascination qu’exerce alors la conquête spatiale, deux ans après le film Le Voyage dans la lune de Georges Méliès (1861 - 1938), qui connaît un immense succès.
Acquisition · Projet d’observatoire astronomique de Ferdinand Chanut

Projet d'observatoire astronomique
© Musée d’Orsay, dist. GrandPalaisRmn / Sophie Crépy
La collection de dessins d’architecture s’enrichie d’un projet spectaculaire de Ferdinand Chanut (1872 - 1961), connu pour son titre d’architecte des Galeries Lafayette, de 1909 à 1929. Tombé dans l’oubli, ce projet d’observatoire astronomique est remarqué au Salon de 1904, où l’artiste est récompensé par une médaille de deuxième classe. Rehaussée au pastel, l’aquarelle, qui « couvre par ses rendus d’un bleu intense, toute une paroi de la salle, est l’une des œuvres les plus belles et les plus originales de notre section », souligne le rapporteur du salon dans la revue La Construction moderne. Ce projet, qui séduit alors par sa puissance poétique, rejoint un exceptionnel ensemble de dessins conçus dans une veine onirique, conservés au musée d’Orsay.