Dans la lumière d'Harriet Backer · Sandra Binion

Une rentrée sous le signe des femmes
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© Sandra Binion

Pour faire écho à l'exposition « Harriet Backer (1845 - 1932), la musique des couleurs », le musée d'Orsay a commandé à l'artiste américano-suédoise Sandra Binion un court-métrage inspiré du travail de la peintre norvégienne. L’Univers d’Harriet Backer est un univers de femmes : compagnes, amies, voisines, membres de la famille ou de la communauté. Dans une palette lumineuse et subtile, elle représente des scènes de la vie quotidienne, en prêtant une attention toute particulière aux nuances de la luminosité norvégienne. Dans ce film, à partir d'une sélection de tableaux, Sandra Binion pénètre l'œuvre d'Harriet Backer, en interpréte les détails, la couleur, la lumière qu'elle transpose en vidéo.

Corps de texte

« En 2023, je me suis rendue en Norvège afin de procéder à une reconstitution vivante de dix-sept de ses toiles. En m’immisçant dans ses mises en scène par le biais de ma caméra vidéo, je suis devenue Harriet la peintre. Harriet sachant, de toute évidence, prendre pour peintre le temps qu’il fallait, j’ai travaillé sans hâte. Comme Harriet au moyen de ses pinceaux, j’esquisse, au moyen de mon objectif, les contours d’un visage de femme ou l’éclat passager d’un pied dans l’herbe. Émergeant de la pénombre, une pile de lettres enrubannée de rose évoque les délicats clairs obscurs d’Harriet. J’insuffle des mouvements presque imperceptibles dans son monde immobile et patient : mains essorant le linge en plein soleil ; doigts effectuant des travaux de couture dans la lumière déclinante de l’après-midi ; femme qui regarde par la fenêtre en caressant des doigts la dentelle d’un rideau. L’accentuation du passage du temps par la vidéo imprègne l’immuabilité des toiles, révélant la sensualité de certains détails, amplifiant des gestes discrets, des sons à peine audibles. Ancré dans la tradition du slow cinema, et associant mouvement, rythme et nuances, cette dramaturgie introspective nous entraine dans l’intimité d’Harriet et dévoile des émotions cachées. La fascination se substituant à l’impatience, nous renonçons à notre agitation. »

Sandra Binion