Cinq choses à savoir sur Henri Rivière (1864-1951)

Photographie : écrire avec la lumière
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Henri Rivière
Le Cabaret du "Chat Noir" - Rivière et deux personnes actionnant l'écran du théatre d'ombres, entre 1887 et 1894
Musée d'Orsay
Don Henriette Guy-Loé et Geneviève Noufflard, 1986
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Alexis Brandt
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D'une créativité sans bornes, Henri Rivière (1864-1951) se distingue comme un artiste pionnier de l’image. Théâtre d'ombres, gravure sur bois polychromes, photographie sont autant de terrains d'expérimentation. Inspiré par les estampes japonaises, Henri Rivière développe un regard unique, moderne, et audacieux, cinématographique avant l'heure, faisant de lui une figure incontournable de l’art visuel au tournant du siècle. Le musée consacre un accrochage à ses photographies, « Henri Rivière, L’homme à la caméra » présenté du 29 octobre 2024 au 2 mars 2025.

Corps de texte
Henri Rivière
Eugèenie Rivière précédée de son chien dans un bois, Bretagne, vers 1895
Musée d'Orsay
Achat, 1987
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / image RMN-GP
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Henri Rivière
Eugènie Rivière accoudée au balcon, Paris, vers 1896
Musée d'Orsay
Achat, 1987
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Alexis Brandt
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Henri Rivière
Madame Rivière près d'un rocher, en compagnie d'une autre femme, au bord de la mer, entre 1890 et 1900
Musée d'Orsay
Achat, 1987
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
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Henri Rivière
Route de Besse en Chandesse, Auvergne, 1921
Collection Musée d'Orsay - Département des Arts Graphiques du musée du Louvre, Paris
Legs Henri Rivière, 1952
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay)
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Henri Rivière
Un éperon rocheux et quelques maisons à Bormes, 1926
Collection Musée d'Orsay - Département des Arts Graphiques du musée du Louvre, Paris
Legs Henri Rivière, 1952
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay)
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Images

Henri Rivière est un touche-à-tout éclectique, un artiste curieux qui s’intéresse aux innovations

Dessinateur, illustrateur, peintre-graveur, décorateur de théâtre, Henri Rivière s’intéresse aux innovations dans le domaine de l’image. Il perfectionne le théâtre d’ombres au cabaret du Chat Noir, réinvente la gravure sur bois polychrome, diffuse ses séries d’estampes et pratique en amateur la photographie avec un regard pionnier d’une exceptionnelle audace. Il utilise un appareil en bois simple et léger, une « chambre à main » à soufflet facile à transporter. Habile technicien, Henri Rivière effectue lui-même les tirages par contact sur un papier mat argentique ou cyanotype, lequel offre une teinte d’un profond bleu de Prusse. Si Henri Rivière exerce la photographie en amateur, en parallèle de ses activités artistiques et durant une période limitée, il y démontre cependant une immense créativité, laissant libre cours à son regard curieux, novateur, moderne.

Henri Rivière se prend de passion pour la photographie très tôt : il a alors 23 ans

Henri Rivière exercera la photographie jusqu’au tournant du siècle. Paris, où il réside, et la Bretagne, où il fait construire une maison en bordure de l’estuaire du Trieux, non loin de Paimpol sont ses deux terrains d’exploration. Scènes de rue et paysages urbains dans la capitale, scènes de marché et d’activités rurales et portuaires, travaux de son logis en Bretagne : dans les deux cas, il s’intéresse à la fois à l’espace public et la sphère privée. Le sujet de ses photos est souvent Eugénie Ley, sa compagne qu’il a rencontrée en 1888 et épousée sept ans plus tard. Saisie dans leur appartement parisien, dans les rues de Montmartre, dans le jardin de la maison de Loguivy ou dans la lande de Paimpol, elle apparaît sur bon nombre de clichés. Plus de trois cents images issues de cette production photographique sont répertoriées. Cent soixante-six, acquises entre 1981 et 1987, font partie de la collection du musée d’Orsay.

 

Henri Rivière perfectionne l’art du théâtre d’ombres au cabaret du Chat Noir, créant des spectacles mêlant lumière, ombres et effets visuels et sonores.

Henri Rivière n’a que vingt-deux ans lorsque Rodolphe Salis, propriétaire du cabaret Le Chat Noir situé au pied de la butte Montmartre, lui confie son nouveau spectacle de théâtre d’ombres. S’y mêlent projections lumineuses sur écran de figurines en zinc en mouvement sur fond de décors polychromes obtenus par des filtres de couleurs, lecture de textes accompagnés de musique, mais aussi d’effets de vent et de fumée… Le Chat Noir, où se retrouvent artistes-peintres, poètes et chansonniers, et les coulisses de son théâtre d’ombres sont un champ d’expérimentation photographique pour le jeune artiste qu’est Henri Rivière.

 

Henri Rivière était un grand admirateur des estampes japonaises

Henri Rivière collectionnait l’art extrême-oriental. Il admirait particulièrement les estampes japonaises dont il a transposé l’esthétique dans son art. Cette esthétique se retrouve dans ses gravures sur bois polychromes mais aussi dans ses photographies, notamment dans sa série de vues de la tour Eiffel. Des effets de plongée depuis la tour sur le Trocadéro en contrebas, de flou dans le lointain, des contreplongées vers le ciel sur lequel se détache, tel un squelette, l’architecture métallique animée par la présence humaine en silhouettes ne sont pas sans rappeler l’esthétique du théâtre d’ombres, mais également certains paysages d’Hokusai et de Hiroshige qui jouent sur l’échelonnement des plans.

 

Henri Rivière a photographié la Tour Eiffel du début à la fin de la construction

En 1902, Henri Rivière qui a réalisé plusieurs bois gravés de la tour Eiffel publie un album : Trente-Six Vues de la Tour Eiffel, une série de lithographies inspirée par Hokusai. Il s’intéresse cependant à la tour érigée par Gustave Eiffel dès le début de sa construction : une xylographie montre des ouvriers chargeant des pierres avec en arrière-plan les quatre piliers obliques encore soutenus par les échafaudages, une opération de l’automne 1887. Mais c’est en mars 1889, peu avant la fin du chantier, qu’il réalise un reportage mémorable. À cette occasion il escalade la tour jusqu’à son sommet en compagnie de quelques membres du Chat Noir. Ces derniers semblent défier le danger et multiplient les facéties. L’expédition collective prend alors une dimension théâtrale. Henri Rivière saisit aussi la monumentalité novatrice de l’architecture métallique et les surprises plastiques qu’offre l’entrelacs des poutrelles, ainsi que les conditions de travail vertigineuses des ouvriers. Quatre de ces compositions seront transposées en lithographie, dans le fameux recueil des Trente-Six Vues.

 

Pour en savoir plus sur Henri Rivière

Découvrez Henri Rivière et la photographie, ouvrage réalisé par Denis-Michel Boëll, conservateur général du patrimoine et historien de l’art et Marie Robert, conservatrice en chef du patrimoine, chargée de la photographie et du cinéma au musée d’Orsay, commissaire de l'accrochage « Henri Rivière, l'homme à la caméra ». Y sont publiées pour la première fois des photographies de la tour Eiffel et Paris par Henri Rivière.

 

Henri Rivière et la photographie

  • Denis-Michel Boëll et Marie Robert
  • Coédition Locus Solus / Musée d’Orsay
  • Collection Art – 36 vues
  • Broché - format 16 x 24 cm
  • 48 pages, tout couleur
  • Environ 40 photographies
  • ISBN 978-2-36833-516-1
  • 12,90 €
  • En librairie depuis le 31 octobre 2024
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