Colloque · Sculpture. Une femme peut donc créer · Appel à communication

Parcours, pratiques, visibilité et réception des sculptrices, XIXe-XXIe siècles
Germaine Richier dans son atelier avec son modèle Nardone au début des années 1950
© Luc Joubert

À l’occasion des expositions « Germaine Richier » au Centre Pompidou (1er mars-12 juin 2023) et « Sarah Bernhardt » au Petit Palais (11 avril-18 août 2023), l'INHA, le Centre Pompidou, le musée d’Orsay et le Petit Palais s'associent pour organiser un colloque dont l'intitulé est : « Sculpture. Une femme peut donc créer » Parcours, pratiques, visibilité et réception des sculptrices, XIXe-XXIe siècles. Ce colloque se tiendra les 20 et 21 avril 2023.

Au décès de Germaine Richier en 1959, L’Express titrait « Sculpture. Une femme peut donc créer ». La question de son statut de femme a été largement soulignée par la critique, malgré les réticences de l’artiste. Le parcours de celle qui fut la première sculptrice exposée au Musée national d’art moderne en 1956 n’est lui-même pas sans paradoxe. Si Germaine Richier (1902-1959) est l’une des rares artistes femmes à rencontrer après‑guerre un succès international, ses expositions particulières en France demeurent peu nombreuses et sa cote inférieure à celle de nombre de ses homologues masculins. Alors que son œuvre a été abondamment commenté par les grands auteurs de son temps (Paulhan, Ponge, Limbour…), l’artiste est restée largement silencieuse, quasiment jamais filmée.

C’est que les représentations sociales ont longtemps tenu pour incompatibles la réserve associée à la condition féminine et l’imaginaire viril du métier de sculpteur (force physique, confrontation aux matériaux, autorité du maître sur les assistants et praticiens…). Si l’on ajoute les contraintes économiques de la sculpture traditionnelle, tel que le coût élevé des fontes, on mesure les obstacles multiples rencontrés par les sculptrices. Nombreuses sont pourtant les femmes à s’affirmer dans le champ de la sculpture à partir du XIXe siècle, comme l’ont mis en lumière les travaux d’Anne Rivière. 

Ce colloque entend proposer une réflexion sur les trajectoires artistiques des sculptrices du XIXe siècle à aujourd’hui, dans une perspective de genre.

Il vise à rassembler les recherches les plus récentes pour éclairer les parcours, les pratiques, la visibilité et la réception de l’œuvre des sculptrices, la sculpture étant entendue au sens large et en dialogue avec d’autres disciplines artistiques. Il adopte une focale chronologique volontairement large permettant de tisser des liens entre les époques et les courants artistiques, à l’image du propre parcours de Germaine Richier.

Les interventions proposées pourront porter sur les axes suivants destinés à encadrer la réflexion : 

Trajectoires de vie, parcours d’artiste

  • la formation des sculptrices, l’importance de certains ateliers (Rodin, Bourdelle…), les carrières d’enseignement de certaines sculptrices (Hélène Bertaux, Isabelle Waldberg…), le rôle de modèles,
  • les réseaux de sociabilité, les réseaux professionnels et les circulations internationales,
  • la question de la maternité dans le parcours des sculptrices et les échos éventuels dans leurs œuvres,
  • les couples d’artistes, les amitiés et émulations entre sculptrices

Marché de l’art et commande officielle

  • gagner sa vie en sculptant : cote, prix et concours de sculpture
  • les lieux investis, les commandes officielles confiées à des artistes femmes, en particulier :  les programmes d’art sacré, l’art colonial, les monuments aux morts, les fontaines, le 1%…

Réception, reconnaissance et oubli

  • la place des sculptrices au sein des expositions, salons, galeries et collections publiques, 
  • la réception et fortune critique des sculptrices,
  • la visibilité médiatique des sculptrices dans la presse, la radio, la télévision, le cinéma,
  • la place des sculptrices dans d’autres scènes qu’européenne

Une place dans l’art

  • le choix d’une voie académique et les débouchés, les thématiques dans lesquelles s’illustrent les sculptrices (portraits, sculpture animalière…),
  • la question du mythe de l’artiste femme,
  • la place des femmes dans les dictionnaires et répertoires de sculpteurs,
  • le rôle des historiennes, critiques d’art ou directrices d’institution,
  • la sociologie de la recherche sur les sculptrices

Approche esthétique et artistique

  • le choix des matériaux, le travail sur la couleur et l’espace,
  • la transdisciplinarité des pratiques : dessin, gravure, arts décoratifs, textile, littérature….
  • la question de la représentation humaine, canons et normes,
  • la place des sculptrices au sein des grands mouvements (romantisme, surréalisme, abstraction, pop art, arte povera, néoconcretisme, art minimal…) ou en marge (outsider)

Adoptant des perspectives variées, tant esthétiques, historiques, sociologiques, qu’économiques, les communications pourront se déployer dans un champ géographique transnational ou privilégier la mise en perspective de parcours d’artistes emblématiques, à travers des sources ou fonds d’archives inédits. Les propositions strictement monographiques devront être problématisées.

Les contributions sont à envoyer avant le 15 novembre 2022 sous la forme d’un paragraphe de 500 mots accompagné d’un court C.V. à l’adresse suivante : colloquesculptrices@gmail.com

Une fois la sélection effectuée par le comité scientifique, un message vous parviendra vous confirmant que votre proposition a été acceptée et vous fera part des modalités de participation. Les communications feront l’objet d’une captation audiovisuelle et seront susceptibles d’être publiées, après examen des textes par le comité scientifique.

Images
Germaine Richier dans son atelier avec son modèle Nardone au début des années 1950
© Luc Joubert