Quels sont les différents types de spectacle auxquels les spectateurs auront la possibilité d’assister cette année ?
Nous poursuivons notre cycle des concerts de midi trente bien sûr dont les programmes sont en lien avec les expositions ou les collections du musée, de même que les concerts du soir à l’auditorium. Ils viennent donner un éclairage complémentaire aux propos d’une exposition ou de nos collections.
Cette saison, des spectacles de chansons en lien avec l’exposition « L’Art est dans la rue » avec notre grand invité François Morel accompagné de ses amis : la chanteuse Juliette, la comédienne Judith Chemla et le pianiste et compositeur Antoine Sahler. Nous accueillerons également le Cirque des mirages – Parker et Yanowski pour un nouveau spectacle expressionniste, drôle et inquiétant. L’auditorium est en effet aussi un lieu de création où nous donnons la parole aux artistes d’aujourd’hui.
La nef est également un magnifique terrain de jeu et accueillera cette année les artistes du Moulin rouge, mais également la chorégraphe Carolyn Carlson pour deux belles soirées de danse avec le danseur étoile Hugo Marchand.
La saison ouvre avec un concert de Christian Grøvlen autour de l’artiste peintre Harriet Backer à laquelle le musée consacre une exposition : comment avez-vous conçu ce programme de musique ?
J’ai passé du temps en Norvège grâce à L’Ambassade royale de Norvège pour repérer les artistes qui prendront part à notre saison norvégienne. Le pianiste Christian Grøvlen qui mène une belle carrière internationale est également responsable de la musique au Musée Kode de Bergen. Il m’a ainsi ouvert les portes de la maison d’Edvard Grieg à Bergen, joué des pièces de Agathe Backer Grondahl sur le piano du compositeur qui était un grand ami de la sœur d’Harriet. D’être dans les lieux même où Agathe Backer Grondahl a passé beaucoup de temps auprès de son grand ami Grieg est très inspirant et la carrière de cette pianiste et compositrice méritait d’être redécouverte en France.
Il se trouve que, comme la sœur d’Harriet Backer, le frère de Gustave Caillebotte, autre figure mise à l’honneur cet automne, était compositeur. Peu édité en son temps, il a été peu enregistré. Fera-t-on des découvertes avec ce cycle ?
J’ai confié à Hervé Niquet le soin de nous faire découvrir des pièces de Martial Caillebotte, le frère de Gustave. On entendra une rareté musicale le Psaume 132 « Ecce quam bonum» de Martial Caillebotte, frère du peintre, composé pour l’inauguration de l’orgue de Notre-Dame de Lorette dont le curé et dédicataire de l’œuvre n’est autre qu’Alfred, aîné de la fratrie Caillebotte. Ce sera l’occasion d’en apprendre un peu plus sur les frères Caillebotte avec des extraits de leurs correspondances lues par la comédienne Danièle Lebrun, pétillante pensionnaire de la Comédie française. Le chœur du Concert spirituel sera accompagné par la grande pianiste Marie-Josèphe Jude.
Une autre exposition, consacrée à la photographe Céline Laguarde, donnera lieu à un concert de midi trente. Quel était le lien de cette femme photographe avec la musique ?
La photographe Céline Laguarde cumulait les talents puisqu’elle était également une excellente pianiste qui aurait pu sans difficulté être concertiste. On compte parmi ses grands amis, Darius Milhaud qui lui dédia d’ailleurs une pièce intitulé Printemps. Le programme que la pianiste franco-ukrainienne Natacha Kudritskaya s’attachera à faire revivre les œuvres que Céline Laguarde aimait jouer : celles de Debussy, Ravel et Milhaud bien sûr.
Les collections offrent aussi des ouvertures vers la musique. Le musée d’Orsay propose, à partir de janvier 2025, un cycle de concerts de midi-trente pour lesquels chaque programme est imaginé à partir d’une œuvre. Comment est née l’idée de ce cycle ? Comment s’effectue le choix des œuvres ?
Renforcer les liens entre musique et peinture, donner une dimension supplémentaire à nos œuvres fait partie de nos missions. C’est ce que j’ai commencé à proposer aux lauréats de notre Académie Orsay-Royaumont : partir d’un tableau du musée et imaginer à un programme de mélodie et Lieder qui s’en inspire. Cette année, j’élargis le répertoire à la musique de chambre. J’ai ainsi proposé au Quatuor Voce, au Trio Haydée, au Romain Leleu Sextet notamment de choisir un tableau et de nous offrir leur vision musicale de cette œuvre.
À l’issue du concert, nous proposons un petit focus histoire de l’art devant le tableau lui-même dans les salles du musées dispensé par un étudiant ou une étudiante en Histoire de l’art de l’École du Louvre pour boucler la boucle entre Histoire de l’art et inspiration musicale et en apprendre davantage sur l’histoire de l’œuvre choisie par les musiciens.
Le printemps, avec l’exposition « L’art est dans la rue », sera l’occasion d’un nouveau cycle musical. On y entendra le Chœur Accentus mais aussi de la chanson. Que pouvez-vous nous dire de cette dernière partie de la saison ?
L’art dans la rue est un magnifique thème qui nous offre la possibilité d’élargir le champ de notre programmation vers la chanson, d’autant plus après tout le travail que nous avons mené autour de la mélodie et du Lied. Chanson de rue, chansons sur la rue, cela a tout de suite tenté François Morel qui aime s’emparer des mots avec la poésie et l’humour qu’on lui connait. Je suis très heureuse qu’il vienne avec ses camarades pour créer un spectacle sur mesure.
Le chœur Accentus donnera de son côté une vision classique des chansons à caractère populaire. Et L’ensemble Les Lunaisiens qui a toujours fait un grand travail sur ce répertoire viendra avec la formidable alto Lucile Richardot et le directeur musicale de l’ensemble le baryton Arnaud Marzoratti pour évoquer Aristide Bruant et les grands chansonniers de la fin du XIXe siècle.
Bref, une année qui s’annonce encore sous de magnifiques auspices !