Compositeur et pianiste, Martial Caillebotte est considéré comme un précurseur de la musique impressionniste, un courant dont Claude Debussy (1862 - 1918) est l’un des principaux représentants. Martial Caillebotte étudie le piano et la composition musicale au Conservatoire de Paris, où il est l’élève d'Antoine Marmontel (1816 - 1898) pour le piano – Marmontel ayant formé de nombreux musiciens de renom tels que Georges Bizet (1838 - 1875) et Debussy lui-même. Pour l'harmonie, Caillebotte a pour maître Théodore Dubois (1837 - 1924), lauréat du Grand Prix de Rome en 1861. Martial Caillebotte a composé de nombreuses pièces pour piano, musique pour orchestre, musique religieuse, mélodies… La plupart de ses œuvres sont restées inédites. C’est le baryton Benoît Riou qui a découvert ces trésors cachés dans les archives de la famille Caillebotte, et qui a convaincu le chef de chœur et d’orchestre, Michel Piquemal, de travailler à l’édition de ces partitions, restées manuscrites. Cette redécouverte révèle tout le talent de compositeur de Martial Caillebotte. Deux concerts, par le Trio Arcadis le 8 octobre et par le Chœur du Concert Spirituel dirigé par Hervé Niquet le 10 octobre, offriront au public l'occasion de découvrir ce talent longtemps éclipsé par la notoriété de son frère, le célèbre peintre impressionniste Gustave Caillebotte.
Dans la fratrie des Caillebotte, Martial, né le 7 avril 1853, est le cadet. Avant lui, il y a Alfred (1836 - 1896), le demi-frère né d’un premier mariage, curé de Notre-Dame-de-Lorette, à qui il a dédié certaines de ses compositions, puis Gustave, et enfin René (1851 - 1876). La disparition prématurée de René à 25 ans resserre encore les liens entre Martial et Gustave, qui partagent de nombreuses passions. Artistiques d’abord, Gustave se distingue dans la peinture, tandis que Martial s’intéresse à la photographie. Ils explorent des thèmes communs : les transformations urbaines haussmanniennes, les loisirs, l’horticulture et le yachting, qu’ils pratiquent ensemble dans leur propriété familiale à Yerres. En 1878, après la mort de leur mère, Céleste Daufresne (1819-1878), ils vendent cette propriété et acquièrent un appartement à l’angle de la rue Gluck et du boulevard Haussmann, non loin de l’Opéra achevé trois ans plus tôt, en 1875, par l'architecte Charles Garnier (1825 - 1898). Ils y vivent ensemble. Parmi leurs nombreuses passions communes, la philatélie est celle qu’ils poussent le plus loin, jusqu'à constituer l'une des plus grandes collections de timbres de leur époque, mettant en place un système de classement innovant encore utilisé aujourd’hui par les collectionneurs.
Martial Caillebotte, un trait d'union entre musique et peinture impressionnistes
Le mariage de Martial en 1890 avec Marie Minoret (1863 - 1931) met fin à cette collection comme à leur vie commune. Leur précieuse collection de timbres, vendue à Thomas Keay Tapling (1855 – 1891), est aujourd'hui conservée au British Museum. À la mort de Gustave en 1894, Martial devient l'exécuteur testamentaire de son frère, œuvrant aux côtés du peintre impressionniste Auguste Renoir (1841 - 1919) pour faire accepter par l’État le legs de la collection d'œuvres impressionnistes de Gustave, un acte qui a permis de consolider la place de l'impressionnisme dans les musées français.