Acquisition · Les Soleils, jardin du Petit Genevilliers de Gustave Caillebotte

Dans cette composition très structurée, l’épanouissement de la végétation est cantonné à la partie basse du tableau et s’oppose à la solide géométrie des architectures. Le choix d’un format vertical, et l’écrasement des plans provoqué par la juxtaposition du proche et du lointain, sont peut-être inspirés par l’estampe japonaise et par la photographie. En coupant brutalement les fleurs et maisons sur les bords, le peintre nous fait aussi comprendre qu’il ne s’agit que d’un fragment d’une réalité qui se poursuit au-delà du cadre. Caillebotte semble souscrire à la formule d’Émile Zola : « l’œuvre d’art est un coin de nature vu à travers un tempérament ». 

Par sa taille, cette vue du jardin de Caillebotte est une des plus ambitieuses peintes par l’artiste. Elle participe à la redéfinition du genre du paysage opérée par les impressionnistes. Le jardin est un des thèmes de prédilection de Caillebotte, qui prend d’abord pour sujet le parc de la propriété familiale de Yerres, puis, comme ici, son jardin au Petit Gennevilliers, situé à une dizaine de kilomètres au nord de Paris. L’artiste devient un véritable « peintre-jardinier » comme son ami Monet à Giverny et tous deux s’enthousiasment pour les « soleils », grands tournesols cultivés uniquement comme plante d’ornement à cette date. 

Ce tableau de Caillebotte vient enrichir les collections du musée d’Orsay par dation (mode de paiement exceptionnel permettant de s’acquitter d’un impôt par la remise d’œuvres d’art ou de documents de haute valeur artistique ou historique).