Palokärki ; le Grand Pic noir

Le paysage a joué tout au long de la carrière de Gallen-Kallela un rôle déterminant, porteur de l'identité culturelle finlandaise, au même titre que les légendes du Kalevala ou que les costumes et l'artisanat populaires. C'est au cours de l'été 1892, à la recherche d'une résidence au cœur de la Finlande, que Gallen-Kallela séjourne au bord du lac de Paanajärvi.

Il y peint ses premiers paysages "purs", dégagés de toute figure, expression directe d'une âme finlandaise nourrie par la nature. Palokärki/Grand Pic noir est peint dans cette quête d'enracinement. Par la présence de l'oiseau, le peintre investit le paysage d'une dimension allégorique, celle de l'homme criant sa solitude. Une interprétation plus politique a pu être faite du motif, celle d'un pays en lutte contre l'occupant russe, seul dans l'adversité. Gallen-Kallela fait d'abord du sujet un grand dessin à la gouache, qui ne le satisfait pas, et qu'il déchire. Sa femme en rassemble et en recolle l'hiver suivant les morceaux sur une toile, et l'artiste révise son jugement. Il entreprend alors d'en faire la présente version à l'huile, au même imposant format (145x91 cm), qu'il achève en 1894.