Les expositions
- Jeudi 11 janvier - 19h00, Anne Robbins, conservatrice Peinture, musée d’Orsay et co-commissaire de l’exposition
Impressionnisme 1874-1886 : huit expositions, un mouvement. Avec leurs couleurs claires traduisant l’atmosphère d’un paysage en quelques rapides coups de pinceaux, et leurs sujets tirés de la vie moderne, les œuvres des impressionnistes nous paraissent immédiatement reconnaissables, et les noms de ces peintres sont universellement célèbres. Pourtant l’identité de courant artistique n’était pas, au départ, clairement définie. Les quelque trente artistes qui décident d’exposer ensemble leurs œuvres en avril 1874 ont des profils divers ; ils veulent avant tout montrer leur travail en dehors des voies officielles - sans aucune étiquette, en toute indépendance. Ce sont des critiques qui, choqués par la fougue et la facture désinvolte d’une cinquantaine des œuvres exposées, forgent le terme cinglant d’« impressionniste ». Comment, dès 1874 et au fil des sept expositions suivantes organisées par le groupe – qui ne cesse d’évoluer -, s’élabore peu à peu l’impressionnisme ? Avec près de 1800 œuvres d’un millier d’œuvres exposées en 12 ans, s’affirme une peinture neuve, sur laquelle le regard du public se précise et s’affine, à mesure que s’affermissent les contours de cette avant-garde. Comme le proclame un critique dès la première exposition impressionniste : « Quel coup de clairon […] et comme il porte loin dans l’avenir ! »
Les saisons
- Jeudi 08 février - 19h00, Alexis Metzger, enseignant-chercheur à l'Ecole de la nature et du paysage de Blois
Les artistes impressionnistes sont maîtres dans l’art de représenter les saisons marquées par certaines conditions météorologiques. En scrutant les météores, regardons la pluie, le vent, les nuages pour mieux comprendre comment les impressionnistes montrent les saisons. Alors que le changement climatique rebat les cartes des marqueurs météorologiques, ces peintures ne révèlent-elles pas un passé climatique révolu ? Monet, Sisley, Pissarro et d’autres sont-ils les passeurs de réalités climatiques ? Entre géographie, histoire du climat et histoire de l’art, nous examinerons plus attentivement les hivers impressionnistes, rappels des glaces et neiges d’antan. Ces peintures témoignent d’hivers très froids où le thermomètre est descendu en dessous de -10°C, mais aussi du choix des artistes dans les types de temps représentés.
Le marché de l’art
- Jeudi 07 mars - 19h00, Sylvie Patry, co-commissaire de l’exposition « 1874 » et directrice artistique de la galerie Mennour, Paris
En 1874, des artistes qui seront qualifiés d’impressionnistes « ont ouvert une salle et ont dit à la foule : « Nous voyons comme cela, nous comprenons I'Art de cette façon, entrez ! regardez ! et achetez si vous voulez ! » Cet article de presse nous rappelle que la première exposition impressionniste est aussi une entreprise commerciale. Le marché de l’art joue un rôle essentiel dans l’origine et le développement du mouvement impressionniste. En 1874, en plein reflux économique, un tableau impressionniste s’échange autour de quelques centaines de francs ; trente ans après, des œuvres de Renoir, Monet ou Degas battent des records et peuvent dépasser 100 000 francs. Au-delà de la progression vertigineuse de la cote des artistes, nous reviendrons dans cette conférence sur la montée en puissance du marché de l’art et de ses multiples acteurs dans la seconde moitié du XIXe siècle. Paul Durand-Ruel (1841-1922) est une des figures centrales de ces nouveaux « mondes de l’art » qui se mettent alors en place en Europe et aux Etats-Unis. Marchand visionnaire, il a su repérer et promouvoir les impressionnistes à l’échelle internationale. On peut dire qu’il a inventé la figure du galeriste telle qu’on la connait encore aujourd’hui.
Les modèles
- Jeudi 18 avril - 19h00, Cyrille Sciama, directeur du musée des Impressionnismes-Giverny
À l’époque où la place des enfants est valorisée par la société et politiquement mise en scène par les lois de Jules Ferry et de la Troisième République, les peintures des impressionnistes mettent en valeur un monde de l’enfance à part : les modèles sont les enfants de leur famille, mais aussi d’amis, de voisins, de marchands. Chaque « famille impressionniste » fonctionne selon une typologie distincte : Claude Monet et sa tribu recomposée, Camille Pissarro et sa famille nombreuse, Pierre-Auguste Renoir et ses trois fils, ou Berthe Morisot et sa fille unique Julie Manet ; chaque artiste propose une vision propre de l’enfant. Mais certains artistes représentent aussi avec acuité des enfants sans jamais avoir été parent, comme Edgar Degas ou Mary Cassatt. Douceur et rêverie se livrent dans les œuvres, même si la solitude des enfants est criante dans un monde d’adulte qui les regarde avec tendresse, amusement ou distance.
La technique
- Jeudi 02 mai - 19h00, Bénédicte Trémolières, restauratrice de peinture
Si les peintures impressionnistes se reconnaissent par leur touche et leur gamme colorée, les débuts communs de Renoir, Monet, Bazille, Sisley, Pissarro sont bien différents de ceux de Cézanne ou Degas ; par la suite, chacun de ces peintres explorera des matériaux spécifiques et développera sa propre technique. Cette conférence tentera de montrer, à travers des images prises lors d’intervention de restauration sur des œuvres du musée d’Orsay, les points communs qui définissent la technique des impressionnistes, qui ne repose sur aucune méthode ni théorie, mais toujours innovante, en constant renouvellement.
Le cinéma
- Jeudi 27 juin - 19h00, Théo Esparon, université Paris Nanterre
Le cinéma semble prendre le relais de l’impressionnisme. Les frères Lumière qui inventent le Cinématographe font figure, selon le mot de Jean-Luc Godard, de « derniers peintres impressionnistes ». Dans le cinéma, l’impressionnisme semble être resté « au coin de l’œil » et avoir gardé une fonction directrice. Cette conférence présente les liens qui se tissent entre l’impressionnisme et le cinéma, comparant les films et les peintures et éclairant le rôle du marché de l’art dans cette réception. Les cinéastes hollywoodiens, que ce soit Vincente Minnelli ou Anthony Mann, apparaissent comme des interprètes de l’œuvre de peintres impressionnistes, Renoir ou Cézanne, alors en vogue à Los Angeles.