L'art est dans la rue
L’affiche transforme la ville
Peintures, dessins, estampes et photographies rendent compte de la prolifération des images, qui investissent le moindre espace vacant : les murs et les palissades, mais aussi les kiosques, les colonnes Morris, les urinoirs, le métropolitain et jusqu’aux êtres humains eux-mêmes, transformés en hommes-sandwichs. Ces supports constituent les cimaises d’un nouvel univers visuel, qui cherche à capter le regard des passants. Transformée par les grands travaux haussmanniens, assainie et équipée, la rue « moderne » est aussi l’un des espaces fondamentaux de l’expression politique et des revendications sociales. Dangereux pour le pouvoir en place, ce lieu où se déploie la publicité est pour le critique d’art Roger Marx « la rue toujours animée, grouillante, où se discute et se prononce le suffrage universel » (Les Maîtres de l’Affiche, 1895).
L’avant-garde est dans la rue
Dans les domaines social, culturel et artistique, la rue est à la fois lieu de vie, d’exposition et objet de représentation. L’affiche des années 1880-1900 porte en elle les fantasmes et les réalités d’une époque. Issue des progrès techniques et de la société de consommation naissante, elle constitue un champ progressive[1]ment investi par de grands artistes. Dans le sillage de Jules Chéret, surnommé « le roi de l’affiche » dans la presse, Henri de Toulouse-Lautrec, Eugène Grasset, Alphonse Mucha, Théophile Alexandre Steinlen, les Nabis – Pierre Bonnard, Henri-Gabriel Ibels, Edouard Vuillard, ou encore Félix Vallotton – sont salués comme les maîtres du genre. Les critiques s’emparent du phénomène et valorisent à la fois les qualités plastiques de « l’affiche moderne » et son rôle dans la démocratisation de l’accès à l’art. L’affiche devient également un objet de collection et d’expositions et « l’affichomanie » s’empare des amateurs. Accédant au rang d’œuvre d’art, elle entre dans un système comparable et des marchands d’estampes, comme Edmond Sagot, se spécialisent dans la vente d’affiches.
L’affiche, art social
À la fin du XIXe siècle, le mythe en construction d’une « belle époque » tend à escamoter la rue des émeutiers et des indigents pour lui substituer une idyllique rue de plaisir, de divertissements et de consommation accessible. L’affiche est le lieu d’affirmation de pratiques nouvellement libéralisées : fréquentation des cabarets, apparition du sport, féminité exacerbée. Offerte à tous par son exposition en pleine rue, elle peut porter une ambition sociale et devenir le médium privilégié de « l’art pour tous ». Les milieux anarchistes et libertaires jouent un rôle moteur dans l’apparition des premières images politiques sur les murs, dans l’espace public. Dans un premier temps, celles-ci se concentrent dans la publicité liée à la presse militante. Au début du XXe siècle, des artistes comme Jules Grandjouan inventent un langage mural, conçu pour frapper l’opinion publique dans l’espace urbain. Rompant avec la vision intime du dessin de presse, cette nouvelle rhétorique devait marquer durablement l’affichage politique.
- Lundi Fermé
- Mardi 9h30 - 18h00
- Mercredi 9h30 - 18h00
- Jeudi 9h30 - 21h45
- Vendredi 9h30 - 18h00
- Samedi 9h30 - 18h00
- Dimanche 9h30 - 18h00
- Plein tarif horodaté
- 16 €
- Tarif réduit horodaté
- 13 €
-
Enfant & Cie
-
13 €
-
Nocturne
-
12 €
-
- de 18 ans, - de 26 ans résidents EEU
-
Gratuit