Exposition au musée

Charles Lameire (1832-1910), familièrement inconnu

Du 07 octobre 2014 au 29 mars 2015
Charles Lameire
Projet de décoration pour l'Hôtel de ville de Paris, en 1884
Musée d'Orsay
Don de M. Gilles Lameire par l'intermédiaire de la Société des Amis du Musée d'Orsay, 1987
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
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Les premiers chantiers

Charles Lameire-Eglise Saint-François-Xavier, coupole du transept, étude pour saint Philippe, saint Thomas et saint André
Charles Lameire
Eglise Saint-François-Xavier, coupole du transept, étude pour saint Philippe, saint Thomas et saint André, vers 1873
Musée d'Orsay
Don Gilles Lameire par l'intermédiaire de la société des Amis du musée d'Orsay, 1987
© Musée d’Orsay, dist. RMN-Grand Palais / DR
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Lameire commence sa carrière dans l'atelier du peintre-décorateur Alexandre Denuelle. Elève de l'architecte Félix Duban, Denuelle est un des principaux artisans de la redécouverte des peintures murales médiévales et oeuvre avec Viollet-le-Duc au renouveau de la polychromie architecturale.

Après vingt ans passés à seconder son maître, Lameire obtient ses premières commandes au début des années 1870 : le décor de l'hôtel particulier de l'entrepreneur Jules Hunebelle (1872) et celui de l'église Saint-François-Xavier (1873).

Celles-ci sont emblématiques de l'époque : tandis que ce premier chantier d'église témoigne de l'importance du décor religieux, qui s'est accrue sous le Second Empire avec la multiplication des lieux de culte, celui de l'hôtel Hunebelle illustre la manière dont l'ornement contribue au faste des nouvelles habitations d'une bourgeoisie en plein essor économique.

Ils révèlent aussi la variété des expressions stylistiques du peintre-décorateur : à l'hôtel Hunebelle, Lameire privilégie l'inspiration mythologique en accord avec le style néo-renaissant de l'édifice mais il expérimente à Saint-François-Xavier le pouvoir expressif du style byzantin ainsi que, dix ans plus tard, l'éloquence du baroque.

Lameire et les arts du décor : de la peinture à l'architecture

Pierre Lampue-Dessin : le catholicon de Charles Lameire
Pierre Lampue
Dessin : le catholicon de Charles Lameire, vers 1872
Musée d'Orsay
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Alexis Brandt
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Pour dépasser son maître Denuelle, Lameire conçoit en 1866 un projet d'église-modèle intitulé "Catholicon", une oeuvre globale où fusionne tous les arts, architecture, peinture, sculpture et arts décoratifs.

Après cette ambitieuse tentative qui le rend célèbre, la carrière de Lameire poursuit plus modestement ces objectifs et sera fondée sur des collaborations étroites avec les plus grands architectes de son temps, Gabriel Davioud, Paul Abadie, Juste Lisch, Edouard Corroyer, Emile Vaudremer ou encore Charles Garnier.

Il concourt avec eux à compléter harmonieusement le décor de monuments historiques resté inachevé, comme Saint-Martin d'Ainay (Lyon), Notre-Dame des Menus (Boulogne-Billancourt) ou Saint-Front de Périgueux, et contribue à assurer l'unité esthétique de leurs réalisations les plus modernes, à l'instar du Trocadéro ou du Comptoir d'Escompte.

Appelé par l'administration à réfléchir au développement des arts industriels, Lameire s'intéresse à l'application des arts du dessin aux arts décoratifs, vitrail, tapisserie, mosaïque, céramique. Poursuivant la réflexion initiée dans son projet du Catholicon sur le pouvoir expressif des arts de l'espace, Lameire conçoit aussi objets d'art, sculptures ou architectures.

Un art catholique militant

Charles Lameire-Cathédrale Notre-Dame de Lorette, chapelle Saint-Louis-des-Français, voûte des instruments de la Passion, ange à l'éponge et à la lance
Charles Lameire
Cathédrale Notre-Dame de Lorette, chapelle Saint-Louis-des-Français, voûte des instruments de la Passion, ange à l'éponge et à la lance, entre 1896 et 1910
Musée d'Orsay
Don Gilles Lameire par l'intermédiaire de la Société des Amis du Musée d'Orsay, 1987
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
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Comme Hippolyte Flandrin, Paul Janmot ou Maurice Denis, Lameire sera mu pendant toute sa carrière par de profondes convictions religieuses et un catholicisme militant.

Ses débuts personnels coïncident avec les grands chantiers artistiques du gouvernement de l'Ordre moral, désireux, après la chute du Second Empire, de préserver une organisation sociale fondée sur l'Eglise.

Avec l'avènement de la république anti-cléricale, Lameire continue à s'investir dans les chantiers religieux les plus emblématiques de son époque, pour conforter un catholicisme en pleine mutation.

Depuis le Catholicon, ses recherches artistiques relatives à l'exaltation du sentiment religieux visent à éduquer comme à émouvoir.

Toujours respectueux de l'architecture qui l'environne, l'art de Lameire explore les qualités didactiques de la peinture d'histoire (Notre-Dame de Fourvière et Chapelle Saint-Louis des Français, à Notre-Dame de Lorette, Italie). A la cathédrale grecque de Paris, il lui préfère la simplicité du langage allégorique de l'art byzantin.

De façon générale, la nécessité de la pratique décorative le conduit à simplifier formes et couleurs (chapelle funéraire de Madame de Bonald).

Des grands chantiers prestigieux

Charles Lameire-Paris, église Sainte-Marie-Madeleine, frise en mosaïque du choeur, étude pour saint Sidoine, saint Maximin d'Aix et un aigle
Charles Lameire
Paris, église Sainte-Marie-Madeleine, frise en mosaïque du choeur, étude pour saint Sidoine, saint Maximin d'Aix et un aigle, entre 1832 et 1910
Musée d'Orsay
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
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Au sommet de sa carrière, Lameire sera sollicité pour participer aux grands chantiers décoratifs de la IIIe République militante, qui va recourir à l'art monumental pour diffuser l'idéologie républicaine.

L'importante commande du décor des salles assyriennes du musée du Louvre (1883), chargé de faire connaître à tous cette civilisation mythique dont les premiers vestiges matériels avait été mis à jour dans les années 1840, est suivi de chantiers de la plus haute importante pour le pouvoir républicain, comme le décor de l'hôtel de ville (1884) ou celui de la Sorbonne (1890).

Parallèlement, Lameire poursuit son activité dans de grands chantiers religieux qui dépendent désormais de l'initiative privée : à La Madeleine, le curé Le Rebours mobilise financièrement ses paroissiens autour de l'achèvement du décor du choeur.

Tandis que ce chantier, très débattu, sera l'occasion pour l'artiste de témoigner des capacités de son langage synthétique à respecter l'architecture et le décor d'un édifice existant, celui du Louvre est l'occasion pour lui d'adopter la simplicité décorative de l'art archaïque assyrien et d'inventer un décor imaginaire mais fondé rigoureusement sur les connaissances archéologiques.

Charles Lameire... en quelques dates

Octobre 1832

Naissance à Paris (7e) de Charles Joseph Lameire, 5ème enfant de Joseph Lameire, garçon de cave de la Maison du Roi, et de Madeleine Rouyer.

1842-1850

Formation autodidacte attestée par ses carnets de croquis et une autorisation du 17 juillet 1852 pour étudier les herbivores de la Ménagerie du Jardin des Plantes.

1853

Chantier de Saint-Germain-des-Prés et entrée présumée de Lameire dans l'atelier d'Alexandre Denuelle.

1863

Mariage à Paris avec Pauline Charron.

1863

Naissances de sa fille Clotilde à Paris (7e).

1864

Naissance de son fils Irénée à Paris (7e).

1866

Projet pour le Catholicon exposé au Salon.

1867

Chevalier de la Légion d'Honneur.

1872

Décor de l'hôtel-maison de rapport de l'entrepreneur Jules Hunebelle (Paris 7e)

1872

Membre de la commission de perfectionnement de la manufacture de Sèvres.

1872

Décor de la cathédrale de Moulins.

1872

Projet de Saint-Front de Périgueux exposé au Salon.

1872-1879

Décor peint et relevé de l'église Notre-Dame-des-Menus de Boulogne-Billancourt.

1873

Décor peint de l'église Sainte-Anne d'Auray (architecte Edouard Deperthes*).

1873-1875, puis 1883-1884

Décor peint de l'église Saint-François-Xavier (Paris 7e, architecte Joseph Uchard).

1874

Annonce dans la presse de la fin d'activité de Denuelle qui confie sa clientèle à Lameire.

1874

Projet pour le concours du Sacré-Coeur avec Gabriel Davioud (classé 2e).

1874

Décor peint de la chapelle du couvent du Sacré-Coeur des Dames-Auxiliatrices (Paris 7e, architecte Just Lisch, décor détruit).

1875

Décoration de son propre hôtel particulier avenue Duquesne (Paris 7e, architecte Emile Vaudremer, hôtel et décor disparus).

1876

Projet pour le décor peint de la chapelle du couvent des Dames des Oiseaux (Issy-les-Moulineaux, architecte Just Lisch).

1876

Relevés de l'église Saint-Loup-de-Naud et de la cathédrale de Tours exposés au Salon.

Décor marouflé pour l'église Saint-Lambert-de-Vaugirard (Paris 15e).

Décor peint pour l'église Saint-Leu-Saint-Gilles (Paris 1er).

1877-1878

Décor peint du Palais du Trocadéro (Paris 16e, architecte Gabriel Davioud, décor disparu).

1878

Décor pour la Bibliothèque des Bulles de la salle de l'Immaculée-conception au Vatican (meuble dessiné par Emile Reiber, exécuté par la maison Christofle).

Illustrations pour l'Imitation de Jésus-Christ.

Carton pour le décor du nouveau bâtiment de la manufacture et du musée de Sèvres.

Installation dans la Grande Galerie du Louvre du Vase d'Hercule.

1879

Décès de Denuelle.

Membre de la commission des Monuments Historiques.

Décor peint de la chapelle Saint-Denis de l'église Saint-Merri (Paris 4e).

1882

Cartons du décor de mosaïque du casino d'Aix-les-Bains (architecte Abel Boudier).

1880-1882

Décor de l'hôtel particulier de l'architecte Edouard Corroyer (Paris 8e, architecte Edouard Corroyer, décor disparu).

1881-1884

Décor et cartons de vitraux pour l'église Saint-Sulpice (Paris 6e).

1882-1883

Cartons des mosaïques du comptoir d'Escompte (Paris 9e, architecte Edouard Corroyer).

1883

Décor peint des salles assyriennes du musée du Louvre (Paris 1er, décor disparu).

1884

Décor peint de l'Hôtel de Ville de Paris (4e, architectes Théodore Ballu et Edouard Deperthes).

Décor peint du Palais de justice de Rouen.

Décès de sa fille Clotilde.

1885-1890

Projet pour un monument à Jeanne d'Arc et aux libérateurs de la France (Paris 1er).

1886-1892

Cartons pour la mosaïque de Notre-Dame de la Garde (Marseille, architectes Henri Espérandieu et Henri Révoil).

1888

Don du ciborium réalisé avec Louis-Armand Calliat au pape Léon XIII (déposé à la basilique du Sacré-Coeur).

1889

Décor de l'hôtel Terminus de la gare Saint-Lazare (Paris 9e, architecte Juste Lisch, décor disparu).

Décor pour le pavillon de l'Argentine de l'Exposition Universelle (architecte Roger Ballu, édifice et décor disparus).

1890

Décor peint de la salle des Comités de la Sorbonne (Paris 5e, architecte Paul Nénot).

1892

Décès de son épouse Pauline.

1889-1893

Cartons des mosaïques pour l'église de la Madeleine (Paris 8e).

1894-1895

Décor peint de la chapelle grecque-orthodoxe de la rue Bizet (Paris 16e, architecte Emile Vaudremer).

1895-1897

Décor peint de la chapelle Saint-Louis-des-Français de la cathédrale Notre-Dame de Lorette (Italie).

1897

Commande des cartons pour les mosaïques de la basilique de Fourvière, achevées par le peintre Georges Décöte en 1918 (Lyon, architectes Pierre Bossan et Sainte-Marie Perrin).

1898

Membre de la commission de perfectionnement de la manufacture des Gobelins et de la commission supérieure des Arts décoratifs.

1899

Décor peint de la coupole du transept et des pendentifs de l'église Saint-Martin d'Ainay (Lyon).

Vers 1905

Décor marouflé pour la chapelle haute du château de la Rochepot (architecte Charles Suisse).

1906

Décor peint de la chapelle funéraire de Mme de Bonald à l'église Notre-Dame-du-Désert (Les Baux-de-Breteuil).

1909

Les Peintures décoratives, dessins, croquis de Charles Lameire éditée à Paris par le libraire-éditeur spécialisé en architecture et arts décoratifs Armand Guérinet.

1910

Décès à Sainte-Foy-lès-Lyon.

*Les noms d'architectes ne sont mentionnés que pour les édifices contemporains.