L'empire brésilien et ses photographes
Collections de la Bibliothèque Nationale du Brésil et de l'Institut Moreira Salles
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Dame dans une chaise à porteurs avec deux esclaves, bahia, vers 1860
Rio de Janeiro, Institut Moreira Salles
© Instituto Moreira Salles / DR
Mère et enfant métis dans la région du Rio Negro Amazonie, vers 1865
Rio de Janeiro, Bibliothèque Nationale du Brésil
© Fundação Biliblioteca Nacional
A l'occasion de l'année du Brésil en France, le musée d'Orsay consacre une exposition à la photographie brésilienne du XIXe siècle. Celle-ci présente une centaine de tirages conservés à la Bibliothèque Nationale du Brésil et à l'Institut Moreira Salles, qui possèdent les collections les plus importantes en ce domaine.
Vue du jardin botanique Rio de Janeiro, vers 1875
Rio de Janeiro, Bibliothèque Nationale du Brésil
© Fundação Biliblioteca Nacional
L'oeuvre des photographes exerçant à la même époque en Chine, en Inde, en Egypte ou au Moyen-Orient est aujourd'hui bien connue. Pour la première fois, le public français découvre ici le travail, non moins remarquable, réalisé par les nombreux photographes européens ou brésiliens qui reproduisirent le paysage et les habitants de l'Empire du Brésil.
Jeu d'étiquettes pour pharmacie Campinas, São Paulo, 1833
Rio de Janeiro, Institut Moreira Salles
© Instituto Moreira Salles
Un pionnier de la photographie d'origine française, le niçois Hercule Florence, opère au Brésil, dans la petite ville de Campinas. Il met au point dès 1833 un procédé négatif-positif sur papier, mais, isolé des chercheurs, essentiellement européens, il n'en comprend pas toute la portée. En 1839, à la publication des découvertes de Daguerre, l'Empereur Pedro II marque son intérêt pour la photographie.
Encouragés par l'essor économique, les premiers photographes paysagistes, arrivés vers 1850, s'inscrivent dans la lignée des peintres voyageurs qui dressèrent un tableau du Brésil dès 1810. La continuité entre dessin, estampe et photographie est d'ailleurs évoquée par la présence d'une exceptionnelle vue de la forêt vierge des environs de Rio réalisée en 1815 à la sépia par le Comte de Clarac, avec la collaboration d'Alexandre de Humboldt.
La nature luxuriante, la baie de Rio, les indiens, les villes en pleine croissance (Rio, Salvador de Bahia, Minas Gerais...) et la vie des esclaves sont autant de scènes "pittoresques", qui trouvent un public fidèle parmi les nombreux visiteurs et touristes que le Brésil commence à accueillir au XIXe siècle.
Pâtisserie et raffinerie de sucre à Petropólis Rio de Janeiro, vers 1874
Rio de Janeiro, Institut Moreira Salles
© Instituto Moreira Salles
Parmi les artistes, distinguons Auguste Stahl (1828-1877), Victor Frond (1821-1881), Revert Klumb, Georges Leuzinger (1813-1892) et Marc Ferrez (1843-1923).
Si Leuzinger est suisse, il faut remarquer que Stahl, Frond et Ferrez sont français d'origine et que Klumb, allemand, se forme en France. Notre pays joue donc un rôle prépondérant dans les plus grandes réalisations en matière de photographie au Brésil. La France est encore considérée comme un modèle de civilisation au début du XIXe siècle et les monarques du Brésil font déjà appel à maints artistes, peintres graveurs ou architectes, regroupés en missions. Les photographes leur succèdent bientôt.
Cascade da Piabanha à Petropólis Rio de Janeiro, vers 1865
Rio de Janeiro, Institut Moreira Salles
© Instituto Moreira Salles
L'alsacien Auguste Stahl est un paysagiste particulièrement remarquable (Chutes de Paulo Alonso dont s'inspire Marc Ferrez), installé d'abord à Recife où il arrive en 1853, puis établi à Rio. Il s'illustre aussi dans le portrait ethnographique à la demande du savant Louis Agassiz. Revert Klumb arrive au Brésil en 1852 et se présente comme un élève de Mayer et Pierson et de Disderi.
Il ne tarde pas à devenir le photographe de la Maison de l'Empereur et se singularise par ses vues d'éclairages lunaires, obtenus grâce à diverses manipulations, qui animent le site de Pétropolis, la villégiature de l'Empereur. Les clichés de Victor Frond sont aujourd'hui perdus, mais ont été soigneusement reproduits en photogravure, à Paris chez Lemercier, pour former son album du Brésil pittoresque.
Esclaves au marché à Rio de Janeiro, vers 1875
Rio de Janeiro, Institut Moreira Salles
© Instituto Moreira Salles
Enfin, le plus célèbre d'entre eux, Marc Ferrez photographie dans les années 1870-1880, aussi bien les voies ferrées de Rio et Minas que les indiens d'Amazonie pour le musée anthropologique de Rio.
De leur temps, les oeuvres de tous ces photographes sont très fréquemment exposées au Brésil, aux Etats-Unis et en Europe.
Longtemps négligé, l'oeuvre des photographes au Brésil peut désormais être pleinement apprécié dans cette exposition qui lui permet de trouver la place qu'il mérite dans l'histoire de la photographie au XIXe siècle.