L'œuvre d'art et sa reproduction photographique

Ariane endormie (Vatican, Rome), planche 18 de l'ouvrage Masterpieces of Antique Art, édité par Griffith and Farran à Londres, en 1878
Musée d'Orsay
Don de la Fondation Kodak-Pathé
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
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"Le cardinal d'Amboise", gravure d'Isaac Briot, en 1870
Musée d'Orsay
Don de la Fondation Kodak-Pathé, 1983
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
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La reproduction des oeuvres d'art est, dès l'annonce de l'invention de Daguerre, considérée comme un sujet primordial pour la photographie. Les qualités de précision, de clarté de la nouvelle invention sont louées, même par ses détracteurs les plus farouches.
La copie des oeuvres d'art constitua pour les premiers grands photographes un enjeu artistique majeur, face à la gravure notamment. C'est, comme l'a rappelé récemment Henri Zerner, sur ce terrain que se jouait, en grande partie, l'avenir de la photographie d'art. Servir fidèlement la peinture et le dessin, en particulier, était alors à l'occasion de prouver la capacité du photographe de comprendre l'esprit de l'artiste, de saisir sa manière, de la retranscrire.
Nature morte avec moulages, entre 1839 et 1840
Musée d'Orsay
Don de la Fondation Kodak-Pathé, 1983
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
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Francis Wey louait ainsi la photographie sur papier en 1851 : "Que le peintre-copiste ou le graveur soient savants et habiles, ils changeront le caractère du modèle, et, s'ils ne le sont pas, ils échoueront à le copier. A ces difficultés, on ne peut opposer que l'héliographie, et c'est sur ce terrain qu'elle est appelée à enfanter des merveilles." (La Lumière, 23 mars 1851).
Les contraintes techniques d'éclairage, la difficulté de rendre les valeurs de la toile, l'impossibilité de déplacer l'oeuvre à photographier exaltaient encore leur talent.
"La Renommée chevauchant Pégase", sculpture d'Antoine Coysevox, place de la Concorde, à Paris, 1859
Musée d'Orsay
Don, 1981
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
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Dès le début des années 1850, des tentatives commerciales de diffusion des oeuvres d'art par la photographie se mettent en place. A Lille, Louis Désiré Blanquart-Evrard ouvre son imprimerie photographique qui diffuse, à l'intention des artistes et des amateurs d'art, des reproductions d'architecture et d'oeuvres d'art.Dès 1853, la maison d'édition Goupil, spécialisée dans la création et la vente de gravures en taille douce, commercialise des photographies, parmi lesquelles les images prises en Egypte par Félix Teynard.
Lord Strafford allant au supplice, tableau de Paul Delaroche, en 1858
Musée d'Orsay
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
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De 1853 à 1858, Goupil vend plusieurs séries dont la Notice sur la vie de Marc-Antoine Raimondi, illustrée par des photographies de Benjamin Delessert, L'oeuvre de Rembrandt, réunissant des photographies des dessins réalisées par les frères Bisson et, première publication consacrée à un artiste contemporain, L'oeuvre de Paul Delaroche, publié en 1858 avec des photographies de Robert J.Bingham.
Florence, Vierge à l'enfant, sculpture de Michel-Ange, en 1868
Musée d'Orsay
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Alexis Brandt
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En 1855, Adolphe Disdéri photographie les salles de l'Exposition universelle de 1855 ; le fonds du peintre Edmond Lebel, récemment acquis par le musée d'Orsay, réunit un ensemble de photographies des tableaux présentés lors de l'exposition; images sans doute prises par Désiré Lebel, père d'Edmond, associé à Disdéri. Ces photographies constituent un témoignage rare et précieux de cet événement.
Adolphe Braun diffuse, dès les années 1850, de nombreuses reproductions photographiques d'oeuvres d'art prises dans les musées français et étrangers.Sous la dénomination sociale "Ad. Braun et Cie", la maison devient, en décembre 1883, le premier photographe officiel du musée du Louvre, ayant réussi, après bien des années d'incertitudes, de luttes commerciales et techniques, à vaincre les réticences des conservateurs et de l'administration du musée.
Vue du Salon de 1853, en 1853
Musée d'Orsay
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
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L'accrochage L'oeuvre d'art et sa reproduction photographique présente environ quatre-vingts photographies issues de la collection du musée d'Orsay. Il n'a pas vocation à retracer un panorama de l'histoire de la reproduction photographique d'oeuvre d'art, sujet complexe et divers, longtemps négligé par les historiens d'art, que les récentes expositions et publications du musée Goupil, en particulier, ont contribué à mieux circonscrire.
Vue intérieure du pavillon chinois de l'impératrice à Fontainebleau, entre 1863 et 1870
Musée d'Orsay
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
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Conçu en fonction de l'histoire de la collection du musée, il valorise ses points forts autour de la présentation d'oeuvres d'art photographiées dans les salles de musées, lors des salons annuels ou des expositions internationales. Il montre ainsi, à côté de photographies de Talbot, Bingham, Robert, par exemple, les photographies du Salon de 1850-1851 par Gustave Le Gray ou celles du stand de Froment-Meurice à l'exposition des Produits de l'Art et de l'Industrie de 1849 réalisées par Pierre-Ambroise Richebourg.L'accrochage réunit des photographies de tableaux, de sculptures et d'objets d'art et tente de montrer le rôle essentiel pris par la photographie, dès 1850, dans la diffusion et la connaissance des oeuvres d'art, et sa participation étroite à l'élaboration de l'histoire du goût.