Un modèle et ses images. Les albums de Lili Grenier

Lili Grenier en kimono et à la coiffure fleurie, dans l'atelier d'Albert Grenier, vers 1888
Musée d'Orsay
Achat par préemption en vente publique, 2022
© Musée d’Orsay, dist. RMN-Grand Palais / Alexis Brandt
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À seize ans, Noémi Amélie Sans, dite Lili Grenier (1863-1936), est le modèle attitré de la princesse et artiste Mathilde Bonaparte. À vingt-deux ans, elle pose pour le peintre Fernand Cormon et pour les artistes que ce dernier forme dans son « atelier libre » situé à Montmartre : Albert Grenier, dont elle partagera la vie, Henri de Toulouse-Lautrec ou encore Louis Anquetin. Edgar Degas la sollicite pour une Femme au tub ; le sculpteur Jules Desbois réalise des bustes et des médaillons qui la représentent. A trente ans, elle se met au service du peintre et lithographe Albert de Belleroche, qu’elle prend pour amant. Modèle professionnel, muse des artistes, elle est aussi égérie mondaine : elle séduit ses contemporains par sa fantaisie, son franc parler et une vie sentimentale à l’écart des conventions.
Sa vie durant, elle accumule les photographies d’elle : portraits en studio, clichés des fêtes costumées qu’elle donne avec Albert Grenier, instantanés de réunions amicales à la campagne, études dans l’atelier de Belleroche qui serviront d’esquisses préparatoires à l’œuvre future. Elle agence elle-même toutes ces images dans des albums pour consigner les moments marquants de sa vie, témoigner d’un pan central de son activité créative et dévoiler aussi son indépendance.
Par la photographie, Lili Grenier s’est faite sujet ; elle s’est racontée à la première personne du singulier féminin.