Pourquoi dévoiler une « saison » lorsqu’on est un musée ?
Depuis son ouverture en 1986, le musée d’Orsay a toujours été conçu comme un lieu multidisciplinaire. Certes c’est avant tout un musée, qui expose tous les arts visuels et plastiques de la seconde moitié du XIXe siècle et du début du XXe siècle – peinture, sculpture, architecture, photographie, arts décoratifs, etc. – mais c’est aussi un lieu de culture contemporaine, où l’histoire et la littérature, la musique et la danse, ont toute leur place, en dialogue avec les chefs-d’œuvre d’Orsay. Par ailleurs, même nos collections ont une certaine « saisonnalité ». Au gré des acquisitions, des restaurations, des prêts et dépôts accordés à d’autres musées, des accrochages, notre « collection permanente » comme on dit est en réalité une collection en mouvement, d’autant que nous sommes en pleine réflexion sur la refonte du parcours de visite. Et puis, il y a bien sûr nos expositions et nos contrepoints contemporains qui scandent les riches heures du musée d’Orsay.
Justement, quelles seront les expositions d’Orsay en 2023/2024 ?
Le programme est beau ! Cette brochure vous la révèle dans le détail mais je peux vous en dévoiler l’esprit. C’est simple, nous avons voulu tout à la fois : des « blockbusters » et des propositions originales, des mastodontes et des pépites. Mettre à l’honneur nos géants, comme Vincent Van Gogh, dont nous présenterons cet automne l’ultime période de création avec « Van Gogh à Auvers-sur-Oise ». Mais aussi mettre en lumière des artistes injustement oubliés ou méconnus, comme le Lyonnais Louis Janmot et son étonnant Poème de l’âme . Ce n’est pas tout : nous célèbrerons aussi les 150 ans de l’impressionnisme au printemps 2024, en reconstituant la première exposition impressionniste de 1874. Et nous innoverons : autour de l’exposition Van Gogh et de cet anniversaire impressionniste, nous proposerons au public des expériences de réalité virtuelle ou d’intelligence artificielle qui seront à la fois immersives, ludiques et didactiques. Enfin, nous proposerons toujours des contrepoints contemporains : l’un des plus grands peintres vivants, Peter Doig, viendra ainsi faire dialoguer ses toiles avec celles d’Orsay.
Le musée s’affirme aussi comme un haut-lieu de spectacles vivants
Oui, comme chaque année, nous accueillerons dans l’auditorium des concerts, des conférences, de la danse, mais c’est vrai que la saison 23/24 va battre plus fort. Nous allons investir d’autres espaces, la nef bien sûr, mais aussi la salle des fêtes avec par exemple les chorégraphies des lauréats du Paris Dance Project dirigé par Benjamin Millepied. Nous ferons la part belle à d’autres genres également, avec des soirées autour du rap, du manga, de l’électro. Enfin, autour des jeux Olympiques, nous ouvrirons grand nos portes aux cultures urbaines, à l’heure où la breakdance devient une discipline olympique : le waacking de Josépha Madoki dialoguera avec nos statues, le funambule Nathan Paulin traversera notre immense nef, en surplombant une chorégraphie de Rachid Ouramdane, Mourad Merzouki investira toutes nos salles pour une rétrospective kaléidoscopique de son œuvre, et un concert des Apaches mariera « parkour » et musique contemporaine.
Entre les expositions et les spectacles, il y en a en effet pour tous les goûts à Orsay, mais y en-a-t-il pour tous les âges ? Quid des enfants, par exemple ?
C’est l’une de mes grandes priorités : accueillir les enfants dès le plus jeune âge, leurs parents aussi, c’est-à-dire les familles, en leur proposant des médiations adaptées, des temps spécifiques, une programmation dédiée. Durant les périodes de relâche scolaire, ils peuvent venir passer leurs « Vacances à Orsay » en s’essayant au dessin et à la peinture sous les dorures de notre salle des fêtes. Des concerts leur sont dédiés à travers la programmation « Musique et M’Ômes ». Des visites guidées aussi, qui font appel à leur sensorialité, et des cartels simples et ludiques sont conçus spécifiquement pour eux. À Orsay, on veut que le plus d’enfants possible grandissent dans ce rapport curieux et joyeux à l’art, et qu’il en soit ainsi à tout âge !