La restauration de la Toilette de la Duchesse de Parme

François-Désiré Froment-Meurice, Félix Duban, Jean Feuchère, Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume, Michel Liénard, E. Sollier, Louis Joseph Grisée, Jacob Meyer-Heine
Coffret : toilette de la duchesse de Parme, vers 1847
Musée d'Orsay
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
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Exécutée entre 1845 et 1851, la toilette de la duchesse de Parme est un monument de l’orfèvrerie romantique et une œuvre phare des collections d’arts décoratifs du musée d’Orsay. Elle a rejoint au mois de juin 2021 les ateliers du Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) pour être restaurée et faire l’objet d’une étude scientifique, avant d’être mise à l’honneur dans les futures salles du musée consacrées aux arts décoratifs entre 1848 et 1889, qui ouvriront au premier semestre 2022.

L’œuvre se compose de neuf éléments destinés aux soins de la toilette : une table, un miroir, deux coffrets à bijoux, deux girandoles (chandeliers à plusieurs branches), une aiguière (vase élégant avec anse et bec destiné à contenir de l’eau) et son bassin, ainsi qu’un livre de présentation contenant les noms des souscripteurs. En effet, l’ensemble a été commandé par les dames légitimistes de France (soutenant la branche aînée des Bourbons) à l'occasion du mariage de Louise-Marie-Thérèse d’Artois, petite-fille du roi de France Charles X, avec le futur duc Charles III de Parme. 

Images
François-Désiré Froment-Meurice, Félix Duban, Jean Feuchère, Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume, Michel Liénard, E. Sollier, Louis Joseph Grisée, Jacob Meyer-Heine
Table : toilette de la duchesse de Parme, entre 1845 et 1851
Musée d'Orsay
1981
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
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François-Désiré Froment-Meurice, Félix Duban, Jean Feuchère, Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume, Michel Liénard, E. Sollier, Louis Joseph Grisée, Jacob Meyer-Heine
Miroir : toilette de la duchesse de Parme, en 1847
Musée d'Orsay
1981
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / image RMN-GP
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François-Désiré Froment-Meurice, Félix Duban, Jean Feuchère, Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume, Michel Liénard, E. Sollier, Louis Joseph Grisée, Jacob Meyer-Heine
Coffret : toilette de la duchesse de Parme, vers 1847
Musée d'Orsay
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
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François-Désiré Froment-Meurice, Félix Duban, Jean Feuchère, Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume, Michel Liénard, E. Sollier, Louis Joseph Grisée, Jacob Meyer-Heine
Candélabre : toilette de la duchesse de Parme, vers 1847
Musée d'Orsay
1981
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Guy Vivien
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François-Désiré Froment-Meurice, Félix Duban, Jean Feuchère, Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume, Michel Liénard, E. Sollier, Louis Joseph Grisée, Jacob Meyer-Heine
Aiguière : toilette de la duchesse de Parme, en 1847
Musée d'Orsay
© Guy Vivien
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L’orfèvre Froment-Meurice dirigea les différentes étapes de fabrication de la toilette et s’assura la collaboration des meilleurs artistes de son temps : l’architecte Duban, l’ornemaniste Liénard, les sculpteurs Geoffroy-Dechaume et Feuchère, ou encore l’émailleur Sollier, qui parvint à réaliser pour les coffrets des portraits en émail peint d’une taille jamais encore atteinte. Véritable démonstration de virtuosité, cette œuvre revêt également une dimension politique, à travers l’omniprésence des fleurs de lys et les nombreuses références à l’art du Moyen Âge et de la Renaissance, qui évoquent les grandes heures de la monarchie française.

Composée de métaux et d’émaux réagissant différemment à la lumière, à l’humidité et aux polluants contenus dans l’air, la toilette avait peu à peu perdu son éclat et ses couleurs d’origine. Grâce à un nettoyage adapté à chaque matériau, elle retrouvera après plusieurs mois de travail la polychromie subtile qui fit sa renommée en 1851 lors de sa présentation à l’Exposition universelle de Londres.

Pour faciliter les opérations de nettoyage ainsi que les examens et analyses scientifiques, la toilette a été presque intégralement démontée par les restaurateurs du C2RMF, qui ont établi une cartographie de l’œuvre élément par élément. Parfois minuscules, ces éléments avaient tous été numérotés par Froment-Meurice au moment de la création de l’œuvre, afin de faciliter le remontage de la toilette après son transfert de Paris à Londres en 1851, puis à Parme, où elle resta jusqu’en 1859 avant de partir avec la duchesse en exil en Suisse. Lors de ces différents voyages et au cours des précédentes restaurations, certaines pièces avaient été interverties, comme le confirment les photographies anciennes. Elles seront remontées à leur emplacement d’origine pour que l’ensemble retrouve harmonie et lisibilité.

Enfin, les examens et analyses qui seront menés au C2RMF permettront d’approfondir la connaissance de cette œuvre passionnante, pour laquelle les artistes ont mis au point des techniques modernes dont le résultat ressemble parfois à s’y méprendre à celui obtenu avec les techniques traditionnelles de l’orfèvrerie. Une partie des décors semble ainsi avoir été obtenue par électrolyse, une technique encore récente au milieu du XIXe siècle, ce que l’observation à l’œil nu n’avait pas permis de déceler jusqu’à présent. L’accompagnement du projet par un comité de spécialistes de l’orfèvrerie et de l’émail ainsi que des recherches complémentaires en archives permettent de mettre en perspective ces nouvelles découvertes sur l’œuvre et plus généralement l’histoire des arts décoratifs du XIXe siècle.

La restauration, qui doit durer jusqu’à la fin de l’année 2021, s’achèvera par le remontage de la toilette dans la salle du musée d’Orsay où elle sera ensuite présentée, et permettra au public de découvrir sous un angle nouveau ce chef-d’œuvre des collections.