Manet, Degas et le nu

© Musée d’Orsay / Sophie Crépy

L'exposition « Manet / Degas » présentée au musée d'Orsay du 28 mars au 23 juillet 2023 est l'occasion d'explorer les ressources documentaires dont nous disposons. Extraits de deux films produits, l'un pour accompagner l'exposition « Manet inventeur du moderne », l'autre l'exposition « Degas et le nu », les vidéos ci-dessous nous donnent à voir les approches différentes des deux peintres vis à vis du nu. Elles démontrent aussi une volonté commune : celle de peindre avec modernité le monde dans lequel Manet et Degas évoluent.

Manet et Degas réinventent-ils le sujet du nu féminin ?

Stéphane Guégan – Oui, compte tenu de leur connaissance des précédents sur lesquels ils appuient leur audace, de Titien à Rubens, de Velázquez à Goya, sans parler de l’essor de la photographie qui pousse à s’affranchir des codes de la bienséance esthétique. Notons au passage que le XIXe siècle, à partir d’Ingres et Chassériau, a connu une série de débats et de scandales engendrés par l’exposition publique de nus jugés plus ou moins indécents. C’est donc d’une lame de fond, contraire à la morale commune, qu’il convient de parler. Depuis la Renaissance et la réappropriation de l’héritage gréco-romain, le nu jouissait d’un rôle central dans l’apprentissage des arts du dessin, voués à cerner ce que la nature offrait de plus harmonieux. La théorie dite « classique » fait du corps humain l’image de la perfection. En le dissociant de la nudité et donc du corps sexué, en érigeant la statuaire en modèle de la peinture, un idéal esthétique s’était fixé et se perpétuait à travers la copie. Contester cette discipline revenait à renverser tout un ordre de valeurs. Romantiques, comme Delacroix, et réalistes, comme Courbet, s’y emploient au XIXe siècle, avant-même que la photographie et la Nouvelle Peinture ne dissolvent les canons de beauté au profit de la réalité corporelle. De l’Olympia de Manet aux « baigneuses en chambre » de Degas, la nudité féminine, loin de n’être qu’objet, affiche une vérité aussi engageante que dérangeante.


 

Manet et le nu

Manet révolutionne le genre du nu en y introduisant la chair vive de ses modèles et la notion de désir qui s'exprime dans le jeu des regards. Le regard de celle qui pose d'abord, surprise dans sa nudité et qui se tourne vers le spectateur ; le regard de ce dernier ensuite, lui-même surpris dans la position du voyeur fasciné qui ne peut se détacher des yeux, ni du corps de la femme dévêtue qui le fixe.

La Nymphe surprise

Le Déjeuner sur l'herbe (1)

Le Déjeuner sur l'herbe (2)

Olympia


 

Degas et le nu

Degas poursuit le chemin ouvert par Manet. Avec lui, le bordel devient la métaphore de l'atelier, un autre atelier même où il peut aller plus loin dans l'aventure de la peinture. Peintre ou client, le regardeur est intégré, accepté, souvent représenté de face quand la femme, saisie dans son intimité, offre au spectateur un dos, objet de fascination de l'artiste, semble-t-il.

Le nu, de Manet à Degas

Degas : l'obsession du nu

Femmes au tub

Degas, un artiste à part

La quête du mouvement

Les extraits présentés ci-dessus sont issus des documentaires suivants :

  • Édouard Manet, une Inquiétante étrangeté réalisé par Hopi Lebel ; coproduction : Les Films d'Ici et musée d'Orsay, en partenariat avec France 5
  • Degas, le corps mis à nu écrit et réalisé par Sandra Paugam ; coproduction : Les Films du Tambour de Soie, musée d'Orsay et La Réunion des musées nationaux - Grand Palais, avec la participation de France Télévisions