Questions à Anne Sofie von Otter

Anne Sofie von Otter
©Mats Bäcker 2016 © RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Mats Bäcker

La grande Anne Sofie von Otter viendra chanter à l'auditorium du musée d'Orsay le jeudi 10 février 2022 à 20h. Si ce concert s'inscrit dans le cycle Le triomphe de la mélodie et du lied, il est aussi à relier avec l'année Baudelaire dont nous célébrons le 200e anniversaire. Entre deux répétitions, Anne Sofie von Otter a accepté de répondre à quelques questions pour nous éclairer sur le programme éclectique qu'elle a préparé pour cette soirée.

Pour le concert du 10 février, vous proposez un programme autour de Charles Baudelaire. Comment avez-vous imaginé, construit ce programme ?

J’ai hâte de chanter pour ce concert et j’ai été conquise par l’idée de ce programme dès que j’ai reçu l’invitation du musée d’Orsay. Il y a beaucoup d’information sur internet à propos de Baudelaire et la musique, je me suis donc sans tarder lancée dans des recherches. De nombreux artistes originaires de nombreux pays ont été séduits par les textes de Baudelaire, beaux, intéressants et étranges. Pour ma part, je trouve stimulant de mélanger les genres. Aussi nous retrouvons à la fois les choix évidents comme Debussy et Fauré et les merveilleuses compositions de Léo Ferré et d’autres auteurs-compositeurs. A ceux-ci s’ajoutent des morceaux pour piano solo liés à Baudelaire comme Les soirs illuminées par l’ardeur du charbon de Debussy, un morceau redécouvert il y a quelques années seulement.

Les poèmes de Baudelaire ont très vite séduit les musiciens et les séduisent encore aujourd’hui. Fauré, Debussy, Ravel et, plus récemment, Léo Ferré, Bernard Lavilliers ou encore Sofia Karlsson ont composé sur ses textes. Comment expliquez-vous cette traversée du temps de la poésie de Baudelaire ?

À vrai dire, les textes de Baudelaire semblent avoir une intemporalité intrinsèque et ils sont sans aucun doute très riches, les mots stimulent l’esprit et ils ont une grande saveur. Ils ont beaucoup de goût*. Ils ouvrent au lecteur ou à l’auditeur un vaste champ de réflexion. Ils ont aussi leur rythme propre, dans leur construction, qui les rend très musicaux.

Vous êtes réputée pour votre éclectisme et le programme de ce concert vous fera passer par des registres variés. Comment vous adaptez-vous à ses changements de registre, de la mélodie ou du lied à la chanson ? Que change pour vous le fait d’être accompagnée par un alto, un piano ou une guitare électrique ?

Les styles de ces mélodies sont différents, aussi j’adapte ma façon de chanter et de prononcer les vers, de produire mes sons. J’ai toujours fait ça et j’adore ça, je ne trouve l’exercice ni étrange, ni difficile. Pour les chansons une voix plus pure, plus naturelle et plus souple dans le rythme rend plus juste. J’utilise un micro pour les chansons ce qui me permet de chanter bien plus doucement, plus légèrement, de chuchoter même. Et je peux chanter dans un registre beaucoup plus bas avec un micro, plus proche du niveau d’une voix qui parle.

Chanter dans un musée a-t-il une signification particulière à vos yeux ? Avez-vous pensé à certaines œuvres exposées au musée d’Orsay en composant votre programme ?

J’ai consacré beaucoup de temps à l’élaboration de ce programme afin qu’il soit à la fois intéressant et varié pour l’auditoire, afin de montrer toutes les facettes de Baudelaire mis en musique. C’est un grand honneur de participer aux célébration du 200e anniversaire de Charles Baudelaire et bien sûr un grand plaisir de venir dans ce musée réputé, le musée d’Orsay. Je ne peux pas dire que je me suis inspirée des expositions ou des œuvres exposées* pour cela – Baudelaire et les compositeurs de notre programme sont, par eux-mêmes, suffisamment riches.

 

*en français dans le texte original

 

  • Anne Sofie von Otter, mezzo-soprano, accompagnée par Bengt Forsberg, piano ; Vicki Powell, alto ;Fabian Frederiksson, guitare électrique
  • Jeudi 10 février 2022 à 20h
  • Auditorium du musée d'Orsay