Signé Whistler

James Abbott McNeill Whistler
Variations en violet et vert, 1871
Musée d'Orsay
acquis avec le concours du fonds National du Patrimoine et la participation de Philippe Meyer, 1995
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt

Jusqu'au 8 mai 2022, sont présentées 22 œuvres du peintre James McNeill Whistler (1834-1903) dont 4 peintures, 3 pastels et 12 eaux-fortes de la Frick Collection ainsi que 3 peintures des collections du musée d’Orsay. Sur la plupart des ces œuvres le nom de l'artiste n'apparaît pas en signature. À son nom, il a préféré un curieux monogramme. Paul Perrin, conservateur peinture au musée d'Orsay et commissaire de cette présentation, nous en révèle la petite histoire.

L’absence de signature traditionnelle est un des aspects très remarquables des peintures de l’artiste américain James McNeill Whistler (1834-1903). Au début des années 1870, pour mieux montrer son originalité par rapport aux autres peintres de son époque, il ne signe plus en écrivant son nom en bas de ses tableaux mais en y ajoutant un étonnant monogramme en forme de papillon. Inspiré par certains motifs japonais, l'animal est pour Whistler un symbole de beauté et de délicatesse absolue. La forme du papillon lui permet aussi un jeu avec ses initiales « J M W » entremêlées.

L’artiste intègre souvent ce monogramme dans un cartouche de couleur, rond ou rectangulaire, sur le modèle de ceux que l’on trouve sur les estampes japonaises qu’admire Whistler. Comme sur ces estampes, la signature de l’artiste peut se trouver à n’importe quel endroit, et plus nécessairement en bas du tableau. Ainsi dans Variations en violet et vert ou encore dans le célèbre Portrait de la mère de l’artiste, où elle se trouve tout en haut, comme si elle faisait partie du textile japonais qui ferme la composition à gauche. La forme du monogramme permet souvent à Whistler d’équilibrer sa composition, et sa couleur met en valeur, par contraste, les autres couleurs de l’œuvre. 

La forme du monogramme papillon évolue dans le temps et gagne progressivement quelques détails. Au moment de son procès avec le critique anglais Ruskin, qui l’avait traité d’escroc, Whistler dote son papillon d’une queue fourchue, sorte de queue de diable ou de scorpion, pour montrer que l’inoffensif papillon peut aussi se révéler agressif et dangereux pour qui l’attaque…

La plupart des œuvres présentées dans l’exposition « James McNeill Whistler (1834-1903), chefs-d’œuvre de la Frick Collection, New York » sont signées avec ce monogramme. À vous de les retrouver et de partir à la chasse aux papillons !

Images
James Abbott McNeill Whistler
Variations en violet et vert, 1871
Musée d'Orsay
acquis avec le concours du fonds National du Patrimoine et la participation de Philippe Meyer, 1995
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
James Abbott McNeill Whistler
Arrangement en gris et noir n°1, dit aussi Portrait de la mère de l'artiste, en 1871
Musée d'Orsay
acquis de l'artiste par l'Etat pour le Luxembourg,1891
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
Voir la notice de l'œuvre
James Abbott McNeill Whistler
Symphony in Flesh Color and Pink: Portrait of Mrs. Frances Leyland, 1871
The Frick Collection, New York ©2021 / Joseph Coscia Jr.
James Abbott McNeill Whistler
Symphony in Grey and Green: The Ocean, 1866
The Frick Collection, New York ©2021 © The Frick Collection / Joseph Coscia Jr