L’absence de signature traditionnelle est un des aspects très remarquables des peintures de l’artiste américain James McNeill Whistler (1834-1903). Au début des années 1870, pour mieux montrer son originalité par rapport aux autres peintres de son époque, il ne signe plus en écrivant son nom en bas de ses tableaux mais en y ajoutant un étonnant monogramme en forme de papillon. Inspiré par certains motifs japonais, l'animal est pour Whistler un symbole de beauté et de délicatesse absolue. La forme du papillon lui permet aussi un jeu avec ses initiales « J M W » entremêlées.
L’artiste intègre souvent ce monogramme dans un cartouche de couleur, rond ou rectangulaire, sur le modèle de ceux que l’on trouve sur les estampes japonaises qu’admire Whistler. Comme sur ces estampes, la signature de l’artiste peut se trouver à n’importe quel endroit, et plus nécessairement en bas du tableau. Ainsi dans Variations en violet et vert ou encore dans le célèbre Portrait de la mère de l’artiste, où elle se trouve tout en haut, comme si elle faisait partie du textile japonais qui ferme la composition à gauche. La forme du monogramme permet souvent à Whistler d’équilibrer sa composition, et sa couleur met en valeur, par contraste, les autres couleurs de l’œuvre.
La forme du monogramme papillon évolue dans le temps et gagne progressivement quelques détails. Au moment de son procès avec le critique anglais Ruskin, qui l’avait traité d’escroc, Whistler dote son papillon d’une queue fourchue, sorte de queue de diable ou de scorpion, pour montrer que l’inoffensif papillon peut aussi se révéler agressif et dangereux pour qui l’attaque…
La plupart des œuvres présentées dans l’exposition « James McNeill Whistler (1834-1903), chefs-d’œuvre de la Frick Collection, New York » sont signées avec ce monogramme. À vous de les retrouver et de partir à la chasse aux papillons !