
“Avec « Un soir avec les impressionniste, Paris 1874 », nous invitons les visiteurs à la soirée d'inauguration de la première exposition impressionniste du 15 avril 1874. Nous leur proposons de rencontrer les peintres et les acteurs de cette époque pour comprendre la naissance du mouvement Impressionniste. ”
Un important travail de documentation et de validation scientifique
D'abord, il a fallu reconstituer le lieu, l'atelier de Nadar au 35 boulevard des Capucines. Malheureusement aucun plan de cet atelier ne nous est parvenu. « Nous sommes allés voir la conservatrice des archives de Nadar à la Bibliothèque nationale de France qui nous a informés que les plans de l'atelier [...] n'existaient pas, » raconte Stéphane Millière, président de Gédéon Média Group. Dès lors, il a fallu mener l'enquête pour laquelle une équipe de documentalistes et un architecte du patrimoine ont été mobilisés. À partir de photos aériennes, du plan cadastral de l'époque, de factures et documents de comptes et de succession, il a été possible de reconstituer l'atelier tel qu'il était lors de la fameuse exposition de 1874.
Ensuite est venu le travail de reconstitution de l'exposition elle-même dont il n'existe aucune photo. Renoir, qui s'était chargé de l'accrochage, ne l'avait pas réalisé dans l'ordre du catalogue. Il a donc été nécessaire de lire près de 400 correspondances des artistes de l'époque, mais aussi tous les articles publiés par les critiques venus visiter l'exposition afin de trouver des informations sur cet accrochage et des détails de cette soirée d'inauguration. Un véritable jeu de piste pour s'approcher au plus près de cette soirée historique.
Sont venus alors les discussions avec les équipes scientifiques du musée d'Orsay et notamment les deux commissaires de l'exposition « Paris 1874, inventer l'impressionnisme », Anne Robbins et Sylvie Patry. Si la dimension récréative du projet était importante, celui-ci ne pouvait cependant voir le jour sans une validation scientifique. « Un soir avec les impressionnistes. Paris 1874 » a nécessité des dizaines d’allers et retours pour valider des hypothèses d'accrochage des œuvres, leur cadre, définir l'apparence des personnages, leurs costumes, leurs postures et leurs voix. Chaque détail, qui pourrait paraître anodin et qui vont des accessoires au mobilier, du traitement des décors au vocabulaire utilisé, tout a été analysé scrupuleusement par les scientifiques et corrigé dans le but d'un résultat qui est une fiction dotée d’un souci d’exactitude et de vraisemblance. Le scénario est d’ailleurs inspiré par des échanges de courriers entre artistes. Ceux-ci ont été restitués sous forme de dialogues et permettent d'être au plus près de la réalité de cette soirée, ou en tout cas de ce que l’on en sait historiquement aujourd'hui. Cette expérience immersive est une manière de faire rayonner les savoirs scientifiques du musée autrement.
Une expérience complémentaire de l'exposition physique
Jusqu'au 14 juillet 2024, cette expérience immersive est présentée en même temps que l'exposition « Paris 1874, inventer l'impressionnisme ». C'est la première fois qu'un musée présente deux propositions, VR (Réalité virtuelle) et physique, côte à côte, sur le même thème, offrant ainsi la possibilité au visiteur de prolonger l'une par l'autre. Le visiteur poursuit ainsi sa déambulation. Car, comme le souligne Emmanuel Guerriero, co-fondateur et président d'Emissive, l'expérience prend ici « une nouvelle dimension [...] par rapport à ce qui avait été réalisé auparavant ». « Un soir avec les impressionnistes, Paris 1874 » offre en effet une immersion en mouvement. Le visiteur n’est pas assis dans un fauteuil ou limité à un espace restreint de quelques mètres carrés mais se déplace sur plus de 650 m2. Consacrer autant d'espace à cette expérience permet de dépasser les limites physiques rencontrées auparavant et de réaliser ainsi des visites en groupe, de partager ce moment avec des amis ou en famille.
Si le projet a pu voir le jour au musée d'Orsay, c'est aussi parce qu'il était en résonance avec son actualité, la célébration du 150e anniversaire du mouvement impressionniste. La contrepartie était de réaliser ce dispositif ambitieux en un temps très bref : un peu plus d'un an seulement. Un challenge qui a pu être relevé grâce à l'étroite collaboration des trois acteurs du projet et une complémentarité des expertises et des tâches de chacun.
En résulte une nouvelle proposition de médiation qui s'adresse à tous les publics sans concurrencer les offres de médiations existantes. C'est une autre expérience qui est proposée, plus engageante par sa dimension immersive, mais qui s'inscrit en complémentarité de toutes les autres propositions : médiation humaine, écrite, vidéo, audio avec l'audioguide ou les podcasts... L'objectif reste toujours d'offrir des portes d'entrée différentes vers nos collections et nos expositions, de diversifier l'offre, et d'élargir ainsi les publics du musée.
Et après ?
L'expérience continue avec une diffusion en France et à l'international. Le dispositif est en effet destiné à voyager grâce au réseau de salles ouvertes par Emissive en France et aux quatre coins de la planète :
aux États-Unis bien sûr où l'exposition « Paris 1874, inventer l'impressionnisme » sera présentée dès le 8 septembre 2024 et jusqu'au 20 janvier 2025 à la National Gallery of Art, Washington, mais aussi dans les villes suivantes :