La Belgique était, à la fin du XIXe siècle, l'un des grands foyers du symbolisme européen et Jean Delville, originaire de Louvain, en exprima le versant le plus ésotérique. Avec L'Ecole de Platon, il livre une représentation de la philosophie classique des plus personnelles.
L'oeuvre est à l'origine une décoration destinée à la Sorbonne, mais elle ne fut jamais installée. Ceci explique la monumentalité de la toile, ainsi que l'emploi de tons pastel évoquant Puvis de Chavannes, le plus grand peintre-décorateur de l'époque.
Delville y représente un Platon christique entouré de douze disciples. L'androgynie et les poses lascives des jeunes éphèbes, le paysage - un jardin idéalisé dans lequel on les imagine sans peine s'ébattre et s'enlacer librement - confèrent à la scène une atmosphère de sensualité homosexuelle.
Ainsi, malgré ses nombreuses références classiques dans le maniérisme des nus, la frontalité et la symétrie de la composition, cette vision du philosophe demeure ambigüe car porteuse d'une dimension à la fois religieuse et érotique.
Le support (2,50 m de haut pour 6,10 m de large) est une toile tendue sur un châssis. Ce support est recouvert d'une préparation blanche peu épaisse qui laisse voir la trame de la toile. Sur cette préparation on devine un dessin qui met en place la composition. Les couleurs à l'huile sont appliquées en aplat.
La présence de la trame de la toile, l'utilisation de couleurs pauvres en liant sur une préparation absorbante donnent un aspect mat à l'ensemble. Par cette technique Delville cherche à se rapprocher des peintures murales à fresque italiennes. L'atmosphère crépusculaire est rendue par une dominante bleue et verte autant dans le paysage que sur certaines carnations.
Le support est en bon état de conservation mais la couche picturale présente un léger encrassement, quelques petits soulèvements. Les réintégrations, faites en 1979, se sont légèrement désaccordées chromatiquement. Des matités et des brillances apparaissent également en lumière rasante.
Une intervention de conservation et de remise en ordre de la couche picturale sont suffisantes pour consolider l'oeuvre et améliorer son état de présentation. Cette intervention comprend le refixage des soulèvements, le décrassage de la surface du tableau et la reprise ponctuelle des anciennes réintégrations.