Table de salle à manger
En 1897-1898, l'architecte Paul Hankar construit un hôtel particulier à Bruxelles, au numéro 48 de la rue Defacqz. Le commanditaire en est la veuve d'un riche aristocrate originaire de Bologne, Vincent Ciamberlani.
Hankar peut s'exprimer en toute liberté pour l'aménagement de la salle à manger. Celle-ci présente d'ailleurs, par son caractère austère et majestueux, des analogies avec celle de sa propre demeure.
Deux photographies d'époque permettent de se faire une idée précise de la salle à manger de l'hôtel Ciamberlani.
Tout y est pensé pour que la pièce soit le parfait écrin de son meuble principal. Les carrés du parquet de chêne évoque le plateau de la table, lui aussi constitué de damiers, mais en acajou, enserrés dans un réseau orthogonal de chêne. Ce jeu du chêne et de l'acajou se retrouve quant à lui sur les lambris et les caissons du plafond.
Les équerres qui soutiennent le lourd plateau rappellent par leur dessin celles du plafond et de la corniche du buffet ainsi que les motifs couronnant les lambris.
Mais c'est avant tout le piètement du meuble qui témoigne de l'originalité du jeune architecte. Les pieds constituent à eux seuls un véritable "ordre" architectural. Ils sont conçus comme des colonnes, de forme conique, ornées de bagues à leur base et couronnées de chapiteaux. Quant à l'entretoise, elle prend la forme d'une grille d'acajou riveté dont le dessin parfaitement japonisant évoque maintes ferronneries architecturales conçues par Hankar. Elle trouvait un écho à l'intérieur même de l'hôtel Ciamberlani dans l'agencement de la rampe d'escalier.
Cette pièce de mobilier exceptionnelle témoigne de la capacité d'invention de Paul Hankar, l'un des principaux acteurs du renouveau de l'architecture belge dans les années 1890 et l'un des grands maîtres de l'Art nouveau.
