Paysage avec "Le pauvre pêcheur" de Puvis de Chavannes

Georges Seurat
Paysage avec "Le pauvre pêcheur" de Puvis de Chavannes
vers 1881
huile sur bois parqueté
H. 17,5 ; L. 26,5 cm.
Achat avec la participation de la fondation Philippe Meyer, 2002
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
Georges Seurat (1859 - 1891)

En 1881, Puvis de Chavannes expose son Pauvre pêcheur au Salon de la Société des artistes français. La plupart des critiques réagissent violemment à cette oeuvre. Mais l'attitude des jeunes artistes est différente, et beaucoup d'entre eux - Maurice Denis, Eugène Carrière, Paul Gauguin, Odilon Redon et Paul Signac - font référence à la toile dans leurs écrits. Au-delà des commentaires, Le pauvre pêcheur inspire également deux créations. L'une, fidèle au modèle original, est un tableau d'Aristide Maillol (au musée des Beaux-Arts de Nancy, dépôt du musée d'Orsay) et l'autre, plus éloignée de sa source, est cette citation par Georges Seurat.
En 1879, Seurat peint sur un petit panneau de bois un paysage de Saint-Ouen. Il utilise ensuite l'autre face pour une esquisse de paysage, encore visible à gauche, où l'on repère une maison et un arbre en fleurs. Peu de temps après avoir vu l'oeuvre de Puvis au Salon, Seurat recouvre partiellement la partie droite du panneau par son interprétation du Pauvre Pêcheur. Sans doute exécutée de mémoire, elle se présente sous un format plus carré que l'original et restitue les grandes masses colorées ainsi que les grandes lignes de la composition. Par sa gamme chromatique et la manière allusive de sa touche, cette "copie" préfigure ses toiles du début des années 1880.
Plusieurs commentateurs, arguant de la signature fautive apposée par Seurat en bas à droite du panneau : Puvisse de Chavannes, ont cru voir dans cette oeuvre une marque de dérision. Cependant, l'admiration des jeunes peintres pour Puvis de Chavannes, le caractère intime de ce "croqueton", de même que la position d'un artiste de vingt-deux ans par rapport à un membre du jury du Salon, laissent plutôt penser à un véritable hommage de la part de Seurat.
Les deux faces du panneau sont aujourd'hui séparées. Le Paysage au tas de bois peint à l'origine sur l'autre côté du panneau est conservé au Metropolitan Museum de New York.

Oeuvre non exposée en salle actuellement