Immeuble parisien, angle de l'avenue du Maine et de la rue Mouton-Duvernet

Raoul Brandon
Immeuble parisien, angle de l'avenue du Maine et de la rue Mouton-Duvernet
1913
encre, aquarelle et rehauts de gouache
H. 94,0 ; L. 128,0 cm.
Achat, 2008
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
Raoul Brandon (1878 - 1941)

Le décret du 13 août 1902 portant sur les nouvelles dispositions pour la construction des immeubles parisiens constitue une avancée supplémentaire (après des décrets parus en 1882 et 1884) vers l'abandon de l'alignement uniforme des bâtiments, imposé en son temps par Hausmann. Cette mesure, qui donne plus de liberté aux architectes, favorise les tendances au pittoresque en autorisant les courbes et les ruptures des façades, les saillies formées par les balcons et les bow-windows. Raoul Brandon profite pleinement de ces possibilités dans les nombreux immeubles de rapport qu'il construit dans les années précédant la Première Guerre mondiale.
Le permis de construire du 172 avenue du Maine est délivré le 2 janvier 1912 et la réalisation est signée conjointement par Raoul et son frère Daniel Brandon, comme il est possible de le lire actuellement sur la façade. L'immeuble reprend les principes chers à Brandon et rendus possibles par le nouveau décret : une façade très rythmée, autant verticalement - avant-corps, oculi, auvent - qu'horizontalement - balcons à consoles au pre­mier étage, ample loggia le long du quatrième -. Les étages supérieurs se déploient avec un léger retrait progressif qui donne plus de présence visuelle à la loggia. L'immeuble se distingue encore par la forme de l'angle qui met en valeur la loggia et ses arcades rappelant les struc­tures en bois des maisons régionalistes. Une héliogravure conservée au musée d'Orsay révèle qu'à l'origine une coupole devait surmonter la fenêtre cintrée supérieure de l'angle.
Brandon emploie les méthodes constructives récentes, le béton armé, tout en conser­vant une inspiration Art Nouveau, tempérée par une veine classique. Le décor sculpté tient une place impor­tante (le sculpteur Binaux a signé sur la façade), puisant ses motifs dans le registre Art Nouveau fait de fleurs, de fruits et de visages-mascarons. Comme la plupart des dessins de l'architecte, celui-ci est particulièrement soigné, trahissant son souci de la postérité. La présence de personnages et de voitures souligne la situation exceptionnelle de l'immeuble dans l'un des quartiers alors les plus en mouvement de la capitale moderne, non loin de Montparnasse.

Oeuvre non exposée en salle actuellement