Chasse aux lions (esquisse)

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Eugène Delacroix
Chasse aux lions (esquisse)
1854
huile sur toile
H. 90,0 ; L. 116,7 cm.
Achat, 1984
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Franck Raux
Eugène Delacroix
Chasse aux lions (esquisse)
1854
huile sur toile
H. 90,0 ; L. 116,7 cm.
Achat, 1984
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Gérard Blot
Eugène Delacroix (1798 - 1863)

En 1854, l'administration des Beaux-arts charge Delacroix d'exécuter "un tableau dont vous devrez me soumettre le sujet et l'esquisse". Il choisit de reprendre un thème auquel il pensait depuis 1847, lorsqu'il admirait les gravures d'après Les Chasses de Rubens. Cette Chasse aux lions constitue l'esquisse du grand tableau final livré en 1855, oeuvre malheureusement mutilée lors d'un incendie en 1870 au musée de Bordeaux.
Dans ce travail préparatoire, l'influence de Rubens est également sensible dans la composition structurée par la couleur plutôt que par le dessin. La touche nerveuse, rapide, où l'on peut sentir la main de l'artiste, traduit l'emportement de la scène et la fougue du peintre. Malgré une identification difficile des éléments iconographiques, on remarque, au centre, la figure du cheval cabré. Dans une inextricable et violente mêlée, les corps des animaux sont répartis en un tournoiement construit à partir des trois couleurs primaires : bleu, rouge, jaune, ou dominent les couleurs chaudes. L'harmonie colorée de l'oeuvre définitive fit écrire à Baudelaire : "Jamais couleurs plus belles, plus intenses, ne pénétrèrent jusqu'à l'âme par le canal des yeux".
La critique fut souvent hostile, reprochant à Delacroix l'extravagance de la couleur et la composition incompréhensible. Représentant par excellence du romantisme, l'artiste se fait ici précurseur. Par l'importance qu'il donne aux masses colorées, et par le caractère expressif de ce tumulte, on peut considérer qu'une esquisse comme celle-ci annonce le l'usage expressif de la couleur que devaient adopter nombre de peintres fondateurs de la modernité.

Rez-de-chaussée, Salle 1