Intimité

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Pierre Bonnard
Intimité
1891
huile sur toile
H. 38,2 ; L. 36,2 cm.
Achat avec le concours de Philippe Meyer par l'intermédiaire de la Foundation for French Museums, 1992
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
Pierre Bonnard
Intimité
1891
huile sur toile
H. 38,2 ; L. 36,2 cm.
Achat avec le concours de Philippe Meyer par l'intermédiaire de la Foundation for French Museums, 1992
© RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Sylvie Chan-Liat
Pierre Bonnard (1867 - 1947)
Oeuvre non exposée en salle actuellement

Ce tableau subtil et plein de charme figure un camarade de régiment de Bonnard, le compositeur Claude Terrasse (1867-1923), engoncé dans une sorte de chaude houppelande, coiffé d'un chapeau aux bords rabattus, et fumant la pipe. A gauche, plongé dans l'ombre, on devine le profil d'Andrée Bonnard, soeur du peintre et épouse de Terrasse. Au premier plan, une main violette, sans doute celle de Bonnard, traverse la composition, tenant une longue pipe d'où s'échappe des volutes de fumée. Un tel cadrage est emprunté aux estampes japonaises, avec lesquelles les artistes Nabis se sentent en affinité.
Bonnard livre ici une de ses premières scènes intimistes du peintre. Elle témoigne de la liberté de composition à laquelle il parvient dès le début de sa carrière. Les spirales de fumée, venant des deux pipes et de la cigarette d'Andrée, répondent aux étonnantes arabesques décoratives de la tenture murale. De l'ensemble résulte un effet de rétrécissement de l'espace, qui confère une atmosphère chaleureuse et un peu mystérieuse à l'ensemble. Les liens affectifs et intellectuels existant entre le trio sont palpables. On ne peut s'empêcher d'évoquer alors les affinités qui les unissent à Stéphane Mallarmé, dont l'un des poèmes, Toute l'âme résumée, semble avoir inspiré le peintre :
"Toute l'âme résumée
Quand lente nous l'expirons
Dans plusieurs ronds de fumée
Abolis en d'autres ronds"