La Guerre

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Henri Rousseau
La Guerre
vers 1894
huile sur toile
H. 114,5 ; L. 195,0 cm.
Achat, 1946
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
Henri Rousseau
La Guerre
vers 1894
huile sur toile
H. 114,5 ; L. 195,0 cm.
Achat, 1946
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Tony Querrec
Henri Rousseau
La Guerre
vers 1894
huile sur toile
H. 114,5 ; L. 195,0 cm.
Achat, 1946
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Tony Querrec
Henri Rousseau
La Guerre
vers 1894
huile sur toile
H. 114,5 ; L. 195,0 cm.
Achat, 1946
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / image RMN-GP
Henri Rousseau (1844 - 1910)
Oeuvre non exposée en salle actuellement

Plus de vingt ans après le conflit franco-prussien de 1870 et la Commune de 1871, c'est encore marqué par ces évènements que le Douanier Rousseau peint La Guerre. Au centre, un personnage féminin grimaçant tient une épée et une torche. Cette sorte de Bellone, déesse romaine de la guerre, monte un cheval qui ressemble plutôt à un monstre hybride. Le sol sombre est recouvert d'un amas de corps, des corbeaux se repaissent de cette charogne humaine. Les arbres semblent calcinés. Les nuages sont rouges. Sans élément anecdotique ou narratif, Rousseau parvient à mettre le drame en image. L'abondance des formes déchiquetées et surtout le choix des couleurs y concourent : le vert de l'espérance est totalement absent ; dominent le noir et le rouge, couleurs du deuil et du sang.
Parmi les sources possibles de La Guerre, un emprunt semble évident. Il s'agit de la posture du cheval, sorte de "galop volant", qui correspond exactement à celle des chevaux du Derby d'Epsom de Géricault (1821, Paris, musée du Louvre). Pourtant, grâce à la décomposition du mouvement par la photographie, on sait à l'époque de Rousseau que cette position est fausse et n'intervient jamais dans lors du galop d'un cheval. La Nuit d'Hodler peut également être citée. Dans ce tableau, exposé avec un grand retentissement au Salon des Artistes Français de 1891, les corps allongés parallèlement au plan de la toile, la gamme colorée et la présence de la Mort au centre de la composition sont autant d'éléments qui auraient pu être suggérés à Rousseau par Hodler.
Au Salon de Indépendants de 1894, La Guerre est accueillie soit par des sarcasmes, à cause de son aspect maladroit, soit avec enthousiasme, pour sa totale indépendance de style. Ainsi, le jeune peintre Louis Roy écrit dans Le Mercure de France : "cette manifestation a pu paraître étrange parce qu'elle n'évoquait aucune idée de chose déjà vue. N'est-ce point là une qualité maîtresse? [Rousseau] a le mérite, rare aujourd'hui, d'être absolument personnel. Il tend vers un art nouveau...".