Le Bûcheron

Ferdinand Hodler
Le Bûcheron
1910
huile sur toile
H. 130,5 ; L. 101,0 cm.
Achat en vente publique, 2005
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
Ferdinand Hodler (1853 - 1918)
Oeuvre non exposée en salle actuellement

En avril 1908, la Banque Nationale Suisse confie à Ferdinand Hodler l'illustration des nouveaux billets de 50 et 100 Francs, le motif retenu devant se rapporter au travail de la terre. Pour les coupures de 50 Francs, l'artiste choisit le thème du bûcheron. Lors de l'édition des billets, Hodler constate que la réduction d'échelle a malheureusement entraîné une interprétation édulcorée de la figure. De plus, des ornements réalistes dénaturent le paysage fantomatique de la peinture qui s'accorde avec l'expressionnisme du personnage.
Heureusement, l'histoire du Bûcheron ne s'arrête pas à cette décevante reproduction. En 1910, Hodler expose une version de l'oeuvre plus grande que nature. C'est un succès immédiat et on lui commande des répliques. La version acquise par le musée d'Orsay frappe par sa puissance étonnante et sa qualité d'esquisse presque achevée lui confère une force saisissante.
La composition repose sur le contrepoint entre les verticales des troncs et la diagonale du corps. Le bûcheron est saisi dans toute l'énergie du mouvement et la tension de l'instant figé. Une telle suggestion du geste d'un paysan, immortalisé en plein travail et mué en figure héroïque, ne se retrouve que dans les peintures de Millet. Le fond blanchâtre, la ligne d'horizon située très bas magnifient la figure presque surhumaine du bûcheron. Il se détache nettement sur le ciel auquel la tache ovale gris-bleu d'un étrange nuage donne encore plus de relief. Cette grande figure de Hodler, à mi-chemin entre symbolisme et expressionnisme, est tout à fait représentative du dernier style de l'artiste.