Le Martyre de saint Sébastien

Honoré Daumier
Le Martyre de saint Sébastien
vers 1849
huile sur bois
H. 31,8 ; L. 22,3 cm.
Don anonyme, en souvenir de Jean Adhémar, 1994
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
Honoré Daumier (1808 - 1879)
Oeuvre non exposée en salle actuellement

En février 1849, la direction des Beaux-arts commande à Daumier un tableau dont le sujet est laissé libre. Celui-ci propose un Martyre de saint Sébastien et livre en mai 1852 une grande toile (250x150 cm) qui est aussitôt envoyée à l'église de Lesges, une petite commune de l'Aisne. Redécouvert en 1979, ce tableau est aujourd'hui conservé au musée de Soissons. Quant à cette belle esquisse, elle a été retrouvée dans une collection privée en 1978.
Daumier est à la fin des années 1840 un maître de la caricature, mais il n'a encore que très peu abordé la peinture. Delacroix est sans conteste l'un des modèles qui l'inspire dans cette ambition nouvelle. Ainsi, avec Le martyre de saint Sébastien, Daumier aborde non seulement un thème religieux, fait inhabituel, mais va jusqu'à reprendre un sujet déjà traité par Delacroix. Cependant, il ne saurait s'agir de copie ou de pastiche tant Daumier adapte librement l'univers codifié de la peinture religieuse. Le traitement du corps du martyr, par exemple, se révèle proche de certaines de ses lithographies. Le caractère rubéniste de l'ange réapparaît dans des compositions satiriques réalisées pour les Idylles parlementaires (1850-1851).
Ces correspondances entre peinture et caricature trouvent leur expression la plus ironique en décembre 1849 dans une lithographie du Charivari. Celle-ci représente le docteur Véron, un ancien interne des hôpitaux de Paris devenu directeur de l'Opéra de Paris, en Nouveau saint Sébastien. Tous ces éléments laissent entrevoir la dimension politique du thème, possible métaphore du destin de la seconde République.