Portrait de Madame Henri-Edmond Cross

Henri-Edmond Cross
Portrait de Madame Henri-Edmond Cross
1891
huile sur toile
H. 208,5 ; L. 149,5 cm.
Achat, 1955
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
Henri-Edmond Cross (1856 - 1910)
Niveau supérieur, Salle 38

Avec ce grand portrait en pied d'Irma Clare, alors mariée à l'écrivain Hector France et future épouse du peintre, Cross entre définitivement dans le clan des néo-impressionnistes. Au contact de Signac, Angrand et Van Rysselberghe, il s'est imprégné lentement des théories du groupe. De ses entretiens avec Seurat, il retient que "les colorations des choses changent leur dessin". La technique de division de la touche est ici conjuguée avec un goût certain pour les arrangements décoratifs.
Le modèle est installé dans une composition géométrique où les ombres et les lumières s'équilibrent. La lumière nocturne estivale est évoquée par l'éclat scintillant des lampions. L'effet de profondeur, déjà souligné par une chaise posée en biais, est accentué par la présence d'un rhododendron au premier plan. Cet élément floral décoratif est emprunté aux estampes japonaises, très prisées par les artistes post-impressionnistes. Les formes géométriques du sol créent l'espace de la terrasse. Une diagonale dessinée par le manche du long éventail replié contribue à l'impression de profondeur introduite par le dallage du sol.
Derrière Irma Clare, quatre plans horizontaux se détachent : le paravent divisé en deux bandes – une partie inférieure pleine et une partie supérieure rythmée par des motifs géométriques -, la frise d'éventails japonais blancs, les feuillages des plantes vertes émergeant du fond bleu foncé. Enfin, l'harmonie de jaunes, de bleus et de roses confère au portrait d'Irma Clare une sensation de hiératisme paisible. C'est avec une grande subtilité que Cross développe le "chromoluminarisme" qu'il a désormais adopté.