Pont de Charing Cross

André Derain
Pont de Charing Cross
vers 1906
huile sur toile
H. 81,0 ; L. 100,6 cm.
Donation Max et Rosy Kaganovitch, 1973
© Adagp, Paris, 2024 © Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
André Derain (1880 - 1954)

Au Salon d'automne de 1905, les tableaux de Derain sont placés dans la même salle que ceux de Matisse, Vlaminck et Van Dongen. Un critique voyant une sculpture d'Albert Marque au milieu des toiles vivement colorées, s'écrie : "Mais c'est Donatello parmi les fauves !". La formule se répand, elle est à l'origine du terme "fauvisme". Il ne s'agit pas d'un mouvement structuré, mais plutôt d'une convergence de vues chez des jeunes peintres pour qui la couleur pure se veut expressive, traduction passionnée du réel plus que recherche illusionniste.
Quelques mois plus tard, poussé par le marchand Ambroise Vollard, Derain effectue deux séjours à Londres et y réalise une trentaine de toiles. Le pont de Charing Cross constitue l'une des compositions les plus réussies du fauvisme. La chaussée, les bâtiments sont peints en larges aplats tandis que la mouvance du ciel et de l'eau est traitée par de petites touches fragmentées, proches du style néo-impressionniste. Il déforme les voitures dont la silhouette épouse la courbe du quai Victoria, donnant ainsi une sensation de vitesse.Le fauvisme, dont l'existence fut brève, assure la transition vers les grands mouvements picturaux du XXe siècle qui s'éloigneront de plus en plus de la peinture figurative. Derain affirmait d'ailleurs : "La peinture est une chose trop belle pour qu'on l'abaisse à des visions comparables à celles d'un chien ou d'un cheval. Il faut absolument sortir du cercle où nous ont enfermés les réalistes".

Niveau médian, Salle 67