Portrait de Karin

Othon Friesz
Portrait de Karin
1939
huile sur toile
H. 55,0 ; L. 46,0 cm.
Don de Yann et Florent Meyer, en mémoire de leur mère Karin Meyer Kaganovitch, 2006
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
Othon Friesz (1879 - 1949)
Niveau médian, Salle 67

Le modèle de ce portrait, Karin (1927-2005), est la fille aînée de Max Kaganovitch (1891-1978), un éminent marchand et collectionneur. En 1939, ce dernier demande à Friesz de réaliser le portrait de ses deux filles. C'est un artiste reconnu que le marchand sollicite. Il est alors abondamment exposé, collectionné, acheté par les musées du monde entier...
Le portrait de Karin est exemplaire de l'entreprise de "reconstruction de la peinture à [s]on usage" développée par l'artiste à partir des années 1920. L'attention est portée sur le visage et le regard décidé de l'enfant. Le cadrage resserré assure une forte présence au modèle. Le dispositif fait songer aux portraits d'infantes de Velázquez, tandis que le traitement du fond évoque les draperies et mises en scène baroques. Il rappelle ainsi la tradition du portrait royal et aristocratique.
La composition frontale et pyramidale, d'une grande clarté, donne à ce portrait sa monumentalité. La facture concourt également à l'effet de stabilité recherché : touches larges et épaisses, usage abondant du noir. Cette construction n'exclue cependant pas le mouvement. Si la fillette est immobile, son décentrement sur la gauche, les plis de la robe vigoureusement brossés, introduisent une note d'animation.
Ce portrait est très tardif au regard de la période historique normalement couverte par les collections du musée d'Orsay, de 1848 à 1914. Il y trouve néanmoins naturellement sa place, aux côtés des parents de Karin peints par Cuno Amiet, perpétuant ainsi l'hommage rendu à ces grands donateurs des musées nationaux.