Quais des Célestins, avec le pont Marie

Stanislas Lépine
Quais des Célestins, avec le pont Marie
1868
huile sur toile
H. 30,0 ; L. 50,0 cm.
Legs Enriqueta Alsop au nom du Dr. Eduardo Mollard, 1972
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
Stanislas Lépine (1835 - 1892)

Stanislas Lépine a peint de nombreuse vues de Paris dans lesquelles la Seine et ses abords tiennent une place prépondérante. Ces paysages urbains répondent, la plupart du temps, à deux schémas principaux. Dans un cas, l'artiste plante son chevalet sur une rive, et peint frontalement la berge qui lui fait face. L'autre manière consiste, comme ici, à s'installer au milieu du motif et à regarder vers l'horizon. Dès lors, le décor s'échelonne tout au long de diagonales qui construisent l'espace.
Dans cette vision du Quai des Célestins, ces diagonales sont formées, à gauche, par la Seine placée très bas et, à droite, par la rangée d'arbres plantée sur le quai. Les immeubles qui les surmontent renforcent encore l'impression de fuite vers l'avant. Porté par ces lignes, l'oeil est conduit jusqu'aux arches du Pont-Marie, un des plus anciens ponts de la capitale.
La moitié droite du premier plan se trouve largement découverte. Lépine y installe une scène de la vie populaire parisienne, comme peuvent le faire Daumier auparavant, Monet ou Sisley ensuite. Sur la berge, on distingue un tas sombre. Il s'agit certainement de charbon, que des charrettes viennent emporter. L'évocation de cette activité commerciale permet au peintre d'animer la scène de quelques personnages au travail.
Le nombre de couleurs est limité. Lépine privilégie les tons discrets et les glacis, une peinture très fluide, quasiment transparente, qui modifie la coloration des teintes sur lesquelles elle est appliquée. Ces caractéristiques situent la toile dans la lignée des évocations poétiques de Camille Corot, mais transplantées dans un décor contemporain et urbain. Avec sa palette claire et ses tons de gris extrêmement délicats, Lépine fait aussi partie des artistes qui préparent la voie aux paysages impressionnistes.

Rez-de-chaussée, Opéra