Berger et son troupeau
En 1881 la maison d'édition Giraudon présente ainsi sa collection d'images intitulée "Scène des champs" et destinée à une clientèle de "savants et d'artistes" : "Reproductions instantanées de paysans et paysannes, moissonneurs, faneuses, bergères, laveuses, etc. Cette collection, faite par un artiste à ses heures de loisir, est remarquablement belle ; elle offre des ressources précieuses à MM. les artistes paysagistes".
Cette description pourrait tout à fait s'appliquer aux travaux de Famin. Tout d'abord, l'épreuve de Berger et son troupeau conservée par le musée d'Orsay a appartenu à un peintre, Théophile Chauvel (1831-1909). Ensuite, les photographies que nous connaissons de Famin montrent pour l'essentiel des paysages et des vues rurales, peuplés de paysans occupés aux travaux des champs et d'animaux, seuls ou en troupeaux. Ces épreuves sont destinées aux peintres auxquels elles procurent un matériau qui vient compléter leur observation directe de la nature. Par son atmosphère et sa composition, avec les animaux rassemblés au centre et la présence tranquille de leur gardien, Berger et son troupeau n'est d'ailleurs pas sans rappeler certains de tableaux naturalistes de l'époque, de Millet ou Troyon notamment.
Avec cette pratique, un jeu de va-et-vient s'instaure entre photographie et peinture. Le photographe qui est souvent, comme Famin, peintre lui-même, se trouve logiquement influencé par la peinture de son époque qu'il contribue à son tour à influencer.