Restauration de Notre-Dame · deux grands dessins de Viollet-le-Duc présentés pour la première fois

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© Musée d'Orsay / Allison Bellido Espichan

Incendiée en 2019, la cathédrale Notre-Dame de Paris est de nouveau ouverte au public depuis le 8 décembre 2024. En écho à cet événement, le musée d’Orsay présente un accrochage consacré à cet édifice qui fut, au milieu du XIXe siècle, un véritable laboratoire pour le grand mouvement de restauration des bâtiments religieux qui s’amorçait alors. Réalisés en 1867 et restaurés en 2020, deux grands dessins d’Eugène Viollet-le-Duc sont présentés pour la première fois aux visiteurs du musée dans cet accrochage.

Corps de texte

Quand la grande restauration de Notre-Dame commence en 1845, les chapelles sont dans un état total d’abandon et dénuées de tout ornement. La création de décorations murales est souhaitée par les paroissiens et par le clergé. Pendant le Second Empire, l’archevêque Sibour lance un appel à souscription pour financer leur réalisation, mais échoue dans son projet de les confier à une association d’artistes catholiques. Les relations de confiance forgées avec Viollet-le-Duc, pourtant athée, amènent ensuite l’archevêché à lui confier l’ensemble des chapelles, dont les nouvelles titulatures sont alors définies : elles rassemblent des figures médiévales (saint Marcel), des thèmes et des figures évangéliques (saint Pierre), ainsi que des rois et reines béatifiés par l’église catholique (Saint Louis, sainte Clotilde, saint Ferdinand).

Parmi les dessins préparatoires à la restauration intérieure de la cathédrale présents dans les collections du musée d’Orsay, figurent deux grands dessins réalisés par Viollet-le-Duc. Imposants par leurs dimensions, ils mesurent plus de 4 mètres de haut sur une largeur de 1 mètre 80. 
 

Projets de peinture murale pour la chapelle Saint-Ferdinand de Notre-Dame de Paris (1867)

Né vers 1199, Ferdinand fut roi de Castille et de León. Sur le premier dessin, deux moments clés de sa vie sont encadrés dans des motifs ogivaux : l’enfance du saint avec sa mère, Bérengère de Castille, et sa victoire sur les Maures. Ce dessin et le suivant sont des manifestes de l’affranchissement archéologique et du parti décoratif de l’architecte. Ils étaient destinés à être exposés, comme en témoignent leurs dimensions et l’aménagement de leurs extrémités faites d’axes en bois facilitant leur enroulement.

La décoration de cette chapelle participe de l’invention artistique d’une trame sainte de l’histoire nationale. Le choix de ce saint, cousin de Saint Louis, traduit la renaissance de sa renommée au XIXe siècle, puisqu’il était le patron de Ferdinand-Philippe d’Orléans, l’un des fils de Louis-Philippe. Sur le deuxième dessin, le saint est agenouillé aux pieds de la Vierge Marie portant l’enfant Jésus. Saint Pierre et saint Paul sont placés au-dessus de la scène. Des tons vifs vermillon, jaune et vert sont adoptés pour les détails. Marie, Jésus et Ferdinand sont nimbés d’une aura jaune pâle.

Eugène Viollet-le-Duc
Projet de peinture murale pour la chapelle Saint-Ferdinand de Notre-Dame de Paris, 1867
Musée d'Orsay
Mode d'acquisition inconnu, 1891
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
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Eugène Viollet-le-Duc
Projet de peinture murale pour la chapelle de Saint-Ferdinand de Notre-Dame de Paris, 1867
Musée d'Orsay
Mode d’acquisition inconnu, s.d.
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski
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La restauration des dessins

Chacune de ces deux œuvres est en fait constituée de plusieurs dessins assemblés, collés sur une grande feuille entoilée, et recouverts d’une autre grande feuille évidée laissant apparaître les dessins dans des fenêtres. Il ne s’agit donc pas de deux projets cohérents, mais d’un ensemble hétérogène ayant servi à évoquer les décors dans une exposition, sans doute dès la fin du XIXe siècle. Ces dessins sont autant d’études préparatoires (poncifs pour le report des motifs, indications de couleurs…), et certains tracés ont été poursuivis afin de suggérer l’architecture feinte qui les encadre et les relie.


La restauration a consisté en un dépoussiérage général suivi d’un nettoyage plus poussé, par gommage, des zones les plus encrassées. De petites déchirures et des plis cassés ont été consolidés à l’aide de papier japonais, et des collages ont été refaits quand les feuilles n’étaient plus adhérentes à leur support. Quelques lacunes ont été comblées et retouchées.


Le montage ancien entre un rouleau et une barre en bois a été conservé, mais un renfort structurel a été ajouté à l’arrière : des bandes de lin ont été fixées aux extrémités pour reprendre le poids de la barre du bas, ce qui évite qu’elle ne génère des tensions sur les dessins quand les œuvres sont déroulées et accrochées pour être exposées.

Ces deux grands dessins, qui ont nécessité l’utilisation d’une nacelle pour leur accrochage, sont dévoilés au public pour la première fois. Ils sont visibles dans l’accrochage « Notre-Dame de Paris, un laboratoire pour la restauration des cathédrales » présentés du 6 novembre 2024 au 2 mars 2025 en salle 69 (niveau médian).

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