En 2025 le musée d’Orsay entreprend la restauration d’Un enterrement à Ornans. Le tableau n’avait fait l’objet d’aucune intervention importante depuis au moins un demi-siècle, et son état de présentation n’était plus jugé satisfaisant.
Il s’agit d’une peinture à l’huile sur toile, composée de quatre lés (bandes de toile) horizontaux, cousus entre eux et tendus sur un châssis de bois.
Au fil du temps, les couches de vernis successives posées sur la surface de l’œuvre (du vivant de Courbet et après sa mort) se sont dégradées, perturbant considérablement la lecture du tableau. Les couleurs d’origine se sont dénaturées, de même que les contrastes voulus par l’artiste. Des examens conduits par le musée d’Orsay et le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF) ont permis d'étudier la nature de ces altérations, de mieux comprendre la genèse de l’œuvre et la méthode de travail de l’artiste.
Cette opération de restauration vise à rendre autant que possible à ce chef-d’œuvre ses harmonies colorées d’origine, tout en consolidant son support, assurant ainsi sa bonne préservation pour les générations à venir.
Ce chantier s’accompagnera de rencontres avec le public, selon un programme qui sera communiqué ultérieurement.
Une œuvre monumentale
Mesurant 3 mètres de haut sur près de 7 mètres de large, Un enterrement à Ornans (1849-1850), l’une des œuvres majeures du musée d’Orsay et du XIXe siècle, frappe autant par sa taille que par son sujet. Âgé de trente ans, résolument ambitieux, Gustave Courbet fait le choix d’un format monumental, alors réservé aux tableaux historiques, bibliques ou mythologiques. Il met en scène un cortège d’une cinquantaine d’hommes, femmes, enfants et officiants (représentés grandeur nature), tous habitants de son village natal, Ornans (Franche-Comté). Ce cortège accompagne vers la fosse le cercueil d’un défunt dont on ne sait rien.
Courbet expose ce tableau au Salon de 1850-51 à Paris, où l’œuvre est immédiatement décriée pour son sujet jugé vulgaire traité à grande échelle. La critique s’en prend aussi sa facture qu’elle qualifie d’« ignoble ». Cette foule assemblée évoquant le peuple de la Révolution de 1848 n’est pas sans susciter des craintes. Le tableau constitue un vigoureux manifeste d’une esthétique nouvelle, le « réalisme ». Un enterrement à Ornans marque une rupture profonde dans l’histoire de l’art et sera admiré par des générations de peintres épris de modernité.
Quatre ans après la mort de Gustave Courbet en 1877, sa sœur Juliette offre le tableau au musée du Louvre. Il y demeure jusqu’en 1986, date de son transfert vers le musée d’Orsay nouvellement créé.
La campagne de restauration de l'œuvre Un enterrement à Ornans de Gustave Courbet a bénéficié du généreux soutien de l'Art Conservation Project de Bank of America.