Qui était Marie Bashkirtseff?


De Marie Bashkirtseff, le musée conserve six œuvres dont le tableau Un meeting et le bronze Douleur de Nausicaa. Le parcours tragique de cette artiste constitue le cinquième épisode de notre série Femmes dans les collections du musée d'Orsay, qui a pour objectif de mettre en valeur le rôle des femmes dans la création artistique au XIXe siècle. Artiste, mécène, critique, écrivaine, muse, modèle, elles ont, souvent dans l'ombre de leurs homologues masculins, occupé un place importante mais encore aujourd'hui sous-estimée. Ce feuilleton a été créé par les les auteurs-illustrateurs Clara et Arthur Fierfort.

Née le 2 novembre 1858 à Gavronzi en Ukraine, morte à Paris le 31 octobre 1884, Marie Bashkirtseff était une peintre, sculptrice et une autrice connue pour son Journal publié de manière posthume.
« Un jour viendra où, par toute la terre, mon nom s’entendra à l’égal du tonnerre ». Voilà ce qu’écrivait dans son Journal la jeune Marie Bashkirtseff à l’âge de 16 ans. Publié après sa mort tragique de la tuberculose à 25 ans, ce journal retrace une vie consacrée aux arts et à la recherche ardente d’une gloire traditionnellement réservée aux hommes.
Celle qui s’était d’abord rêvée enfant en « danseuse célèbre que Pétersbourg adore » , puis en « première chanteuse du monde », avant de se consacrer toute entière à la peinture, était faite de contrastes et de contradictions : Impétueuse aristocrate russe sûre de ses privilèges et de son destin, jeune femme narcissique et mondaine, elle était aussi une éternelle insatisfaite qui sans cesse doutait mais ne s’interdisait rien, une autrice, une peintre talentueuse et ambitieuse, une féministe en révolte face aux limites imposées par la société de son temps.
Fille de la noblesse russe de province, Marie Bashkirtseff quitte son pays natal à douze ans suite à la séparation de ses parents. Elle mène alors avec sa mère et le clan maternel une vie itinérante et cosmopolite à travers l’Europe aristocratique, de Florence à Saint-Pétersbourg en passant par Genève, avant de s’installer à Nice en 1872.
Dans cette ville de luxe, elle grandit dans un milieu fortuné et excentrique bien qu’isolée de la bonne société à cause de la réputation équivoque qui entoure sa famille, mêlée à des procès et des scandales en Russie.
Elle reçoit l’éducation raffinée indispensable à toute jeune fille de son rang : musique, dessin, anglais et italien.
Adulée par sa mère mais insatisfaite de l’atmosphère frivole dans laquelle elle vit, elle a de furieuses envies d’étudier, veut apprendre le grec et le latin et exige d’avoir des professeurs enseignant au lycée, alors interdit aux filles, et non de simples précepteurs.
À Nice, celle qui joue au Casino, courre les modistes et remonte la Promenade des Anglais en robe blanche et en landau immaculé, lit aussi dans le texte Plutarque, Byron, Shakespeare, Dante, Aristote ou Horace dans sa chambre aux murs capitonnés de satin bleu pâle.
Enfant précoce, son amour de la littérature l’amène à tenir un journal qu’elle commence à l’âge de 14 ans.
Sur les cahiers blancs qui le composent et qu’elle a ornés de la devise Gloriae Cupiditas (désir de gloire), elle consigne l’expression de ses états d’âme les plus fugitifs, son existence mondaine agitée, ses espérances artistiques et surtout son insatiable envie de vivre.
Toutes les images du feuilleton
Née le 2 novembre 1858 à Gavronzi en Ukraine, morte à Paris le 31 octobre 1884, Marie Bashkirtseff était une peintre, sculptrice et une autrice connue pour son Journal publié de manière posthume.
« Un jour viendra où, par toute la terre, mon nom s’entendra à l’égal du tonnerre ». Voilà ce qu’écrivait dans son Journal la jeune Marie Bashkirtseff à l’âge de 16 ans. Publié après sa mort tragique de la tuberculose à 25 ans, ce journal retrace une vie consacrée aux arts et à la recherche ardente d’une gloire traditionnellement réservée aux hommes.
Celle qui s’était d’abord rêvée enfant en « danseuse célèbre que Pétersbourg adore » , puis en « première chanteuse du monde », avant de se consacrer toute entière à la peinture, était faite de contrastes et de contradictions : Impétueuse aristocrate russe sûre de ses privilèges et de son destin, jeune femme narcissique et mondaine, elle était aussi une éternelle insatisfaite qui sans cesse doutait mais ne s’interdisait rien, une autrice, une peintre talentueuse et ambitieuse, une féministe en révolte face aux limites imposées par la société de son temps.
Fille de la noblesse russe de province, Marie Bashkirtseff quitte son pays natal à douze ans suite à la séparation de ses parents. Elle mène alors avec sa mère et le clan maternel une vie itinérante et cosmopolite à travers l’Europe aristocratique, de Florence à Saint-Pétersbourg en passant par Genève, avant de s’installer à Nice en 1872.
Dans cette ville de luxe, elle grandit dans un milieu fortuné et excentrique bien qu’isolée de la bonne société à cause de la réputation équivoque qui entoure sa famille, mêlée à des procès et des scandales en Russie.
Elle reçoit l’éducation raffinée indispensable à toute jeune fille de son rang : musique, dessin, anglais et italien.
Adulée par sa mère mais insatisfaite de l’atmosphère frivole dans laquelle elle vit, elle a de furieuses envies d’étudier, veut apprendre le grec et le latin et exige d’avoir des professeurs enseignant au lycée, alors interdit aux filles, et non de simples précepteurs.
À Nice, celle qui joue au Casino, courre les modistes et remonte la Promenade des Anglais en robe blanche et en landau immaculé, lit aussi dans le texte Plutarque, Byron, Shakespeare, Dante, Aristote ou Horace dans sa chambre aux murs capitonnés de satin bleu pâle.
Enfant précoce, son amour de la littérature l’amène à tenir un journal qu’elle commence à l’âge de 14 ans.
Sur les cahiers blancs qui le composent et qu’elle a ornés de la devise Gloriae Cupiditas (désir de gloire), elle consigne l’expression de ses états d’âme les plus fugitifs, son existence mondaine agitée, ses espérances artistiques et surtout son insatiable envie de vivre.
Elle a de furieuses envies d’étudier, veut apprendre le grec et le latin (...)Enfant précoce, son amour de la littérature l’amène à tenir un journal qu’elle commence à l’âge de 14 ans.
Sa mère et sa tante ne songent qu’à la marier ; elle a d’autres ambitions.
À défaut de pouvoir devenir cantatrice, la tuberculose altérant sa voix de mezzo-soprano, et bien résolue à accomplir ses rêves de grandeur, Marie Bashkirtseff prend à 19 ans une décision définitive : elle sera peintre.
Accompagnée de toute sa famille, elle s’installe à Paris au 71 de l’avenue des Champs-Elysées en septembre 1877 et entre à l’académie Julian.
Créée en 1868 par Rodolphe Julian, colosse méridional au sens des affaires affûté, l’académie Julian avait pour particularité d’être l’unique école ouverte aux femmes à proposer des cours de modèles vivants avec des nus masculins et féminins.
L’École des beaux-arts est encore interdite aux femmes, et l’académie Julian, payante et plus coûteuse pour les femmes que leurs camarades masculins, était la seule école leur permettant d’accéder à une formation académique classique.
L’arrivée de Marie Bashkirtseff, tout de blanc vêtue, enveloppée de fourrure, escortée de sa femme de chambre Rosalie et de son petit chien blanc Pincio, ne passe pas inaperçue.
Dans l’atelier sous les toits réservée aux femmes et auquel on accédait par un obscur escalier de service du Passage des Panoramas, elle dénote parmi ses consœurs issues de milieux sociaux plus modestes, qui la prennent pour une riche héritière venue jouer à l’artiste.
L’arrivée de Marie Bashkirtseff, tout de blanc vêtue, enveloppée de fourrure, escortée de sa femme de chambre Rosalie et de son petit chien blanc Pincio, ne passe pas inaperçue.
À l’académie Julian, elle côtoit Anna Klumpke, Amélie Beaury-Saurel, Madeleine Zillhardt et Louise Catherine Breslau qui se souviendra plus tard de sa camarade : « Les directeurs et professeurs la choyaient, sa chic présence faisait si bien, et, malgré sa superbe! elle était une élève d’un courage au travail exemplaire.»
Toujours la première à l’atelier et bénéficiant de l’émulation qui règne alors parmi ces artistes femmes, elle étudie avec ardeur et frénésie, et fait des progrès tels qu’elle devient rapidement une des meilleurs élèves de l’Académie.
De cette formation, elle laisse un tableau, Dans l’atelier, qui demeure un des rares témoignages de l’instruction artistique féminine au XIXe siècle et grâce auquel elle obtient son premier succès.
Au Salon, étape obligée dans la carrière d’un peintre, où se font et se défont les réputations artistiques, ses toiles sont exposées à partir de 1880 et elle accède à un début de reconnaissance.
Toujours la première à l’atelier et bénéficiant de l’émulation qui règne alors parmi ces artistes femmes, elle étudie avec ardeur et frénésie, et fait des progrès tels qu’elle devient rapidement une des meilleurs élèves de l’Académie.
Après 1880, influencée par le naturalisme, Bashkirtseff choisit de peindre ce qu’elle connaît le moins : des scènes de rue des classes populaires, comme pour sa toile Un Meeting.
Présentée au Salon l’année de sa mort en 1884, son œuvre est unanimement saluée par la presse, qui, le tableau étant signé M. Bashkirtseff, loue le singulier talent de « ce Monsieur Bashkirtseff ».
Aux yeux des critiques, le trait assuré et le sujet hardi de la toile ne pouvait venir d’une jeune fille, jolie qui plus est : Le monde de la création est alors aux mains des hommes et les femmes n’y sont tolérées que dans la mesure où elles jouent le rôle qu’on attend d’elles.
Indignée par ces inégalités et ces « terribles préjugés », Marie Bashkirtseff s’engage parmi les premières, dans dans les luttes féministes de son temps.
Alors qu’Edgar Degas pense que Bashkirtseff est « une femme à fouetter en place publique », Gustave Moreau en parlant de « cette Marie B. » déclare que « L’intrusion sérieuse de la femme dans l’art serait un désastre sans remède.»
Elle écrit dans son Journal : « Je voudrais être homme. Je sais que je pourrais devenir quelqu’un, mais avec des jupes, où voulez-vous que j’aille? [...] Jamais je n’ai été si révoltée contre l’état des femmes ! »
Elle rencontre la féministe Hubertine Auclert, fondatrice du Droit des Femmes, une société qui milite ardemment pour le droit de vote des femmes.
Bashkirtseff y adhère, assiste aux réunions et fait partie du conseil d’administration du journal du mouvement, La Citoyenne, qui plaide avec force et énergie pour l’émancipation des femmes.
En mars 1881, elle publie dans cet hebdomadaire sous le pseudonyme de Pauline Orell un manifeste réclamant l’ouverture de l’École des beaux-arts aux femmes :
« Ce qu’il nous faut, c’est la possibilité de travailler comme les hommes et de ne pas avoir à exécuter des tours de force pour en arriver à avoir ce que les hommes ont tout simplement. On nous demande avec une indulgence ironique combien il y a eu de grandes artistes-femmes. Eh! messieurs, il y en a eu et c’est étonnant, vu les difficultés énormes qu’elles rencontrent. »
Indignée par ces inégalités et ces « terribles préjugés », Marie Bashkirtseff s’engage dans dans les luttes féministes de son temps. Elle écrit dans son Journal : « Je voudrais être homme. Je sais que je pourrais devenir quelqu’un, mais avec des jupes, où voulez-vous que j’aille? [...] Jamais je n’ai été si révoltée contre l’état des femmes ! »
Menant une vie turbulente et bien remplie, Marie Bashkirtseff sait depuis le début de l’année 1881 qu’elle est condamnée par la tuberculose.
Ses médecins lui imposent le repos mais, brûlée par un intense désir de vivre et une insatiable envie d’être, voulant tout voir, tout avoir, tout embrasser, elle courre chez les couturiers, va au Bois, à l’hippodrome, à l’Opéra et surtout à l’atelier.
« Sa vie s’était consumée entre un travail fiévreux et une mondanité haletante » se souviendra son ancienne compagne d’atelier Louise Breslau.
Elle s’essaie à la sculpture, commence de grands formats d’inspiration mythologique et continue d’écrire son Journal dans lequel elle note sans fard les progrès de son mal.
Sa table est surchargée des dérisoires remèdes qu’on donne aux poitrinaires : huile de foie de morue, arsenic, lait de chèvre.
Elle crache le sang, devient sourde, a du mal à se mouvoir, mais continue à peindre et à écrire.
Elle préface son Journal le 1er mai 1884, quelques mois avant sa mort: « Si je ne meurs pas jeune, j’espère rester comme une grande artiste ; mais si je meurs jeune, je veux laisser publier mon journal qui ne peut pas être autre chose qu’intéressant. »
Marie Bashkirtseff sait depuis le début de l’année 1881 qu’elle est condamnée par la tuberculose mais continue à peindre et à écrire. Elle préface son Journal, quelques mois avant sa mort : « Si je ne meurs pas jeune, j’espère rester comme une grande artiste ; mais si je meurs jeune, je veux laisser publier mon journal qui ne peut pas être autre chose qu’intéressant. »
Indomptée, rêvant plus grand que nature, et revendiquant d’être sa propre héroïne, Marie Bashkirtseff crut jusqu’au bout en elle et au destin d’exception qu’elle s’était choisit.
La publication de ces 84 carnets dans une version expurgée après sa mort en 1887 la rendit célèbre dans l’Europe entière.