Le salon que les parents de Berthe Morisot ouvrent aux artistes, musiciens et écrivains, sous le Second Empire, est un foyer de modernité. Femmes et hommes y parlent d’art ou de politique sur un pied d’égalité. Les divergences esthétiques s’effacent devant le plaisir d’en discuter. Berthe et sa sœur Edma, formées à la peinture et dotées d’un atelier familial, débutent au Salon en 1864. Mais c’est la fréquentation de Fantin-Latour, puis de Manet et Degas, qui pousse la première à sauter le pas et à entamer une véritable carrière, fût-elle contrainte par les règles sociales du temps. Manet prend une place grandissante dans ce cercle à partir de 1868-1869 et multiplie les portraits de Berthe Morisot. Ils sont autant d’incarnations de la Parisienne élégante et singulière, complice et actrice de la Nouvelle peinture. Du reste, à rebours de Manet, dont elle épouse l’un des frères en 1874, Berthe s’associe durablement, cette année-là, à l’aventure impressionniste.
Extrait de la présentation détaillée de l'exposition « Manet / Degas », présentée au musée d'Orsay du 28 mars au 23 juillet 2023 (commissariat : Isolde Pludermacher, conservatrice générale peinture au musée d’Orsay, Stéphane Guégan, conseiller scientifique auprès du président des musées d’Orsay et de l’Orangerie).